Site UMMO-SCIENCES - ARTICLE 4-2

ARTICLE 4-2

Introduction

Première partie: Les observations et les premières lettres en Espagne
Seconde partie: D'où viennent les lettres?

Deuxième Retour sur l'affaire Ummo (2)

Commentaire de l'article de Gildas Bourdais Retour sur l'affaire Ummo publié sur le site d'Ufocom
par Jean Pollion (07-2002)
Première partie: Les observations et les premières lettres en Espagne

Une histoire vraie, ou une manipulation?
A quand remonte l'affaire "Ummo"? Le 2 juin 1967, fut annoncée dans la presse espagnole l'observation, la veille, d'un ovni en forme de disque dans la banlieue de Madrid, à San José de Valderas. L'ovni avait même été photographié, et les photos publiées, avec une surprenante rapidité. L'année suivante, en septembre 1968, l'affaire "Ummo" prit corps dans la presse avec les révélations d'un prêtre, don Enrique López Guerrero, citées dans le journal ABC de Séville et reprises dans de nombreux journaux, en Espagne et même à l'étranger. Le Père Guerrero avait reçu de l'ufologue Antonio Ribera, l'un des principaux enquêteurs sur cette affaire, plusieurs lettres censées avoir été écrites par les "Ummites", des extraterrestres venus secrètement de la planète Ummo (voir la bibliographie: Ribera 4-5). On apprit qu'un groupe de personnes habitant principalement à Madrid recevait depuis un certain temps de mystérieuses lettres rédigées par ces extraterrestres, qui disaient être venus en expédition sur Terre en 1950. Or l'ovni vu dans la banlieue de Madrid était l'un de leurs véhicules spatiaux, dont ils avaient d'ailleurs annoncé la venue quelques jours auparavant! On retrouvait le même symbole de Ummo - trois traits verticaux barrés d'un trait horizontal - qu'on peut schématiser par ces trois signes )+( , en en-tête sur les lettres, et bien visibles sur le ventre de l'ovni.
Dix ans plus tard, les photos de l'ovni furent jugées fausses par deux équipes indépendantes d'experts, en France et aux Etats-Unis. [Cette information est triplement fausse. D'abord parce que les conclusions de Claude Poher, en France n'ont pas été suffisamment analysées et sont complètement contestables, voir mon livre. Et qu'elles ne démontrent rien, surtout pas la supercherie. Ensuite, parce que les analyses faites par William Spaulding du Ground Saucer Watch (GSW) Phœnix, Arizona ont été faites sur des positifs transmis par Vicente-Juan Ballester-Olmos (Marquez-1). Ce sont les seules études faites aux US. Un positif ne donne aucune indication valable, puisque qu'il n'est pas forcément le reflet du négatif. En troisième lieu, la plus récente étude des négatifs (automne 2000) a été faite par La Guardia Civil espagnole et conclut à l'absence de trucage. Cette étude a été commandée par J.J. Benitez, ufologue espagnol connu (Benitez-1)] Ce fut un coup très dur pour les partisans d'Ummo, mais qui ne suffit pas à mettre fin à l'histoire. Certains continuèrent à croire aux témoignages sur les observations de Madrid, et c'est pourquoi nous allons examiner cet aspect important du dossier. D'autre part, plusieurs personnes continuèrent à recevoir des lettres "ummites" [au total 34 destinataires espagnols répertoriés], postées d'un peu partout dans le monde, jusqu'au début des années 90. En tout, ce sont plus de 1'000 pages qui ont été reçues. Il faut donc aussi essayer d'évaluer leur contenu, ou au moins en examiner quelques aspects controversés.
Il faut dire clairement que, après une période d'engouement dans quelques pays, principalement en Espagne et en France, la plupart des ufologues du monde entier ont rangé l'affaire Ummo au rayon des canulars, ou même l'ignorent complètement, y compris en Espagne où l'affaire était née [faux pour l'Espagne: JJ Benitez, JJ Montejo et Javier Sierra, ufologues espagnols très connus, entre autres, continuent à suivre fin 2001 l'affaire très sérieusement]. Invité à une conférence aux Etats-Unis en mars 2000 (à Laughlin, au Nevada), j'avais posé la question devant un public d'au moins cinq cent personnes, très motivées sur les ovnis: "Avez-vous entendu parler des lettres ummites?". Seule une personne avait dit oui! En revanche, ces lettres continuent à intéresser quelques ufologues en France, sans doute en grande partie grâce au soutien que leur a apporté le physicien Jean-Pierre Petit, qui a affirmé dans plusieurs livres et articles (voir notes bibliographiques) que ces lettres contenaient des idées remarquables sur le plan scientifique, et que cela plaidait en faveur de leur origine extraterrestre. Son premier livre sur le sujet, paru en 1991, Enquête sur des Extraterrestres qui sont déjà parmi nous (Petit 1) avait même remporté un gros succès de librairie.
Alors, est-ce une histoire vraie, ou un canular humain, très sophistiqué? Il y a des raisons de supposer qu'il s'agit d'une opération de manipulation et de désinformation, mais cela n'est pas prouvé, et le doute subsiste sur ses auteurs éventuels. S'agit-il d'une opération montée par le KGB, comme le croient certains (Marhic 1, Bourret/Velasco 1), ou par des services américains, comme se l'est demandé lui-même Antonio Ribera en 1975 (Ribera 4-5), et en France Jean Sider (Sider 1)? Il y a aussi, nous le verrons, des arguments sérieux en faveur de cette thèse. A moins que des extraterrestres, assez experts en tromperies de toute nature, comme le suggère l'ensemble du dossier ovni, ne soient eux-mêmes les auteurs d'une aussi remarquable supercherie! Les "Ummites" recommandent eux-mêmes aux lecteurs de ne pas trop les croire. Et les convaincus ne manquent jamais de répondre, lorsqu'on les confronte à des erreurs manifestes [tout le problème est celui du référentiel, en toute objectivité, et chaque supposée "erreur" doit être scientifiquement discutée], que les Ummites les ont sans doute introduites à dessein pour se camoufler…
Essayons d'abord de résumer l'histoire de cette affaire compliquée. [On trouvera dans mon livre un panorama établi sur des données vérifiées]

Les premières lettres "ummites"
Le résumé qui suit repose notamment sur les textes des enquêteurs espagnols Antonio Ribera et Rafaël Farriols qui ont été au centre de toute l'affaire (voir bibliographie: livre de 1968 traduit en français en 1975, articles de 1969 et 1975), complétés et recoupés avec d'autres sources.
La date véritable du début de l'affaire Ummo en Espagne est incertaine, ce qui est dommage car il est intéressant de pouvoir dater l'antériorité éventuelle de certaines "révélations". De quand date la première lettre ummite? On admet en général que la première personne à avoir été contactée par les Ummites était Fernando Sesma Manzano, ésotériste vivant à Madrid, où il était président d'une "Société des amis des visiteurs de l'espace", qui se réunissait régulièrement au Café Lyon, dans une salle en sous-sol appelée "La baleine joyeuse". Sesma était déjà connu comme "contacté" de plusieurs civilisations extraterrestres. La date du 14 janvier 1966 est donnée le plus souvent comme celle du premier contact ummite, par téléphone, suivi d'une lettre. Il avait été appelé par un personnage mystérieux disant s'appeler "Deii 98", et avait été informé de l'atterrissage qui allait avoir lieu dans la banlieue de Madrid, à Aluche le 6 février suivant.
Selon certains [pourquoi ne pas préciser qui?], Sesma aurait révélé en 1965 à ses amis de Madrid qu'il recevait des lettres ummites depuis trois ans, donc depuis 1962. Curieusement, dans leur livre Un Caso Perfecto paru dès 1968, Antonio Ribera et Rafaël Farriols ne donnent pas de date pour ces premières lettres (Ribera, Farriols, 2) [Ils ont raison. Farriols a rencontré Sesma plusieurs fois et aucun des écrits de Sesma, dont Farriols est maintenant dépositaire, ne parle avec précision de Ummo en 1965. Des amalgames ont été faits avec le contenu du D21, qui n'a pas reçu de vérification à ce sujet]. Plus tard, dans sa série d'articles publiés en 1975 par la Flying Saucer Review, Ribera n'a donné qu'une indication sommaire, sans citer le nom de Sesma: "depuis environ 1965, semble-t-il, un groupe d'environ vingt personnes" ont reçu des lettres par la poste (Ribera 4). [Je dispose de preuves, hélas, que le brave homme (paix à son âme, car il est décédé l'an dernier) était quelque peu emporté par sa conviction et une forme d'insouciance vis-à-vis des données réelles.]
Dans les livres de Jean-Pierre Petit, nous trouvons les deux dates déjà citées: janvier 1966 pour les premiers contacts (Petit 2, pp.19 et 20), mais aussi 1962, à plusieurs reprises (notamment Petit 1, pp. 53 et 57). Petit cite en outre la date du 5 mai 1965 pour la lettre reçue par Sesma, décrivant les premiers jours des Ummites sur Terre (Petit 2, p. 153). Il cite aussi la date de 1964, sinon pour des lettres, du moins pour les premiers contacts: "Un certain nombre de Terriens ont été impliqués dans cette affaire depuis les premiers contacts, situés par les Ummites, selon les documents reçus, en 1964" (Petit 2, p. 28). [Jean-Pierre Petit, comme tous les commentateurs a repris des données dans Ribera et d'autres, sans trop vérifier. Toutes les dates antérieures au premier contact revendiqué et vérifiable (14 janvier 1966) dérivent des documents (surtout le D21), mais n'ont pu être vérifiées. Les "ufologues" ont tout mélangé, sans aucun souci de vérification.] En fait, si l'on se réfère aux enquêtes de plusieurs ufologues espagnols, publiées notamment dans la revue Cuadernos de Ufologia en 1988 et 1994 (Cuadernos 1 et 2), Sesma avait bien reçu des lettres à partir de 1962 (et des appels téléphoniques), mais elles étaient dues à un autre groupe d'extraterrestres, venus de la planète Auco, tournant autour de l'étoile Alpha du Centaure! Le "représentant" de cette planète Auco s'appelait Saliano. Mieux encore, dès 1961, Sesma recevait déjà des lettres anonymes bizarres, provenant de différentes parties du monde, un mode de communication qui allait être aussi employé ensuite par les Ummites. Curieusement, toutes ces lettres ont été détruites par Sesma (Cuadernos 1, pp. 41 à 45). Ce qui est sûr, c'est qu'à partir de 1966, plusieurs autres personnes ont reçu également des lettres ummites. La majorité d'entre elles vivaient à Madrid, d'où leur nom de "groupe de Madrid ". [C'est aller très vite en besogne: les destinataires des écrits étaient certains des participants, les plus assidus ou les plus typés au niveau de la personnalité, aux réunions de la Baleine Joyeuse et de ce fait intéressés à la vie extraterrestre. C'est lorsque Sesma a continué dans l'ésotérisme, son "dada" premier, que ces destinataires ont formé un "sous-groupe" qui s'est rapidement réuni à part. Il a reçu, par opposition aux amateurs de Barcelone et d'ailleurs, le nom de "Groupe de Madrid".]
Le 6 février 1966, est annoncé dans la presse un premier atterrissage allégué d'ovni à Aluche, dans la banlieue de Madrid. Antonio Ribera, ufologue connu de Barcelone (auteur de El Gran enigma de los Platillos Volantes en 1966, décédé le 23 septembre 2001), écrit au principal témoin, du nom de Luis Jordan Peña, dont il avait vu l'adresse dans un article du 16 février. Celui-ci lui envoie une longue lettre décrivant son observation, et citant d'autres témoins qu'il a trouvés. Au printemps 1967, Ribera fait la connaissance de Enrique Villagrasa Novoa, qui est l'un des destinataires de ces lettres ummites, et du groupe de Madrid dont il fait partie. Ribera commence alors à recevoir lui aussi des lettres ummites, ainsi que son ami Rafaël Farriols, riche entrepreneur de Barcelone (Ribera 4-1). [Ici aussi, ce raccourci est faux. Enrique Villagrasa était, avec sa femme, un participant assidu de la Baleine Joyeuse qui avait reçu des lettres. Les principales lettres techniques, richement documentées et illustrées. Je ne sais pas dans quelles conditions Ribera l'a connu, sans doute en recherchant des documents Ummo, puisqu'il s'intéressait déjà à l'affaire. En ce qui concerne Farriols, et je le tiens de sa propre bouche, il ne connaissait rien d'Ummo précédemment. Mais alerté par l'article et les photos de San José de Valderas parus dans Informaciones, alors qu'il était de passage à Madrid, il se passionna immédiatement pour l'histoire et se rendit à Santa Monica le lendemain 3 juin pour y commencer sa propre enquête. Il rencontra Muñoz, le patron du restaurant La Ponderosa, qui lui remit la carte de visite que l'enquêteur précédent avait laissée: c'était Villagrasa. Il est alors entré en contact avec Villagrasa qui a lui-même servi de contact avec Sesma. Farriols n'a reçu des lettres que nettement plus tard.]
Peu après [ça fait tout de même 17 mois!], le 1er juin 1967, a lieu l'observation d'un ovni dans la banlieue de Madrid, à San José de Valderas, suivie d'un atterrissage non loin de là à Santa Mónica, qui sont rapportés dans la presse. Ribera et Farriols, très enthousiastes, enquêtent avec l'aide de membres du groupe de Madrid, en particulier Luis Jordan Peña, qui est le premier à enquêter sur les nouveaux événements [on remarquera que les choses ne se sont pas passées comme décrit ici, voir ci-dessus]. Dans les deux cas, on aurait vu un ovni ressemblant à deux cuvettes collées l'une à l'autre, avec le fameux symbole à trois branches bien visible en dessous [cette assertion est fausse, car le témoignage d'Aluche circonstancié de Jordan Peña ne fait pas mention du profil de l'appareil, mais seulement de sa forme ronde. Il ne l'a toujours vu que d'en dessous. Il ne fait pas non plus mention d'un quelconque symbole visible: il mentionne ce qu'il prend pour une sorte de pot d'échappement avec des déflecteurs! Voir plus loin. En fait, cette phrase n'est vraie que pour l'observation de San José de Valderas]. Il y a plusieurs témoins, des photos à San José, des traces au sol et de mystérieux tubes métalliques trouvés par terre à Santa Mónica. [Soyons précis: il y a effectivement des témoins rapprochés à Aluche, un peu moins rapprochés à San José de Valderas et aucun témoin proche à Santa Monica. L'étude détaillée des témoignages (Ribera, Farriols 2) exclut la présence de quelconques tubes métalliques sur le site de Santa Monica: c'est une pure invention des "enquêteurs ufologiques" peu sourcilleux et avares d'analyse approfondie. Tous les éléments sont dans le livre cité ci-dessous. Tout porte à croire qu'ils ont été, pour cette partie du dossier, l'objet d'une manipulation, mais pas construite par Peña. Voir mon livre] C'est un cas qui paraît si remarquable à Ribera et Farriols qu'ils publient en 1968 leur livre Un Caso Perfecto (Ribera, Farriols 2), qui sera traduit en français en 1975 sous le titre Preuves de l'existence des soucoupes volantes.
De son côté, Fernando Sesma a déjà publié dès 1967 son livre Ummo, Otro Planeta Habitado (Sesma 1). Il se pare du titre de "professeur", abusif, et il a une réputation de spéculateur fantasque. Il avait déjà écrit un livre sur d'autres contacts qu'il disait avoir eu avec des extraterrestres, si bien que son livre sur Ummo n'a guère attiré l'attention. Selon Antonio Ribera, Sesma s'est désintéressé de l'affaire car les lettres ummites étaient trop techniques à son goût. Il préférait s'intéresser à d'autres extraterrestres, comme ceux de la planète Auco, plus élevés selon lui sur le plan spirituel. Ainsi, Sesma a cédé toutes ses archives Ummo à l'enquêteur Rafaël Farriols (Ribera 4-1). En fait, il aurait été écarté par les auteurs des lettres car on le jugeait trop indépendant: il ne cédait pas aux injonctions qui lui étaient faites de ne plus s'occuper que des Ummites! (Cuadernos 1, p. 51). [Cette affirmation est de la pure invention. Les Ummites demandent à Sesma, par téléphone et dans des courriers, de ne pas mélanger, dans ses causeries, les données afférentes aux différentes civilisations dont il revendique le contact. Sesma promet et ne respecte pas ses engagements. Il n'y a aucune injonction. Il a effectivement été "privé" de courrier ummite pendant une courte période de quelques mois à titre d'avertissement. De toutes façons, il trouve les contenus trop scientifiques. Ensuite les autres destinataires sont devenus plus intéressants pour les Ummites et Sesma s'est replongé dans l'ésotérisme. Il a effectivement accepté de céder à Farriols tous les documents qu'il avait encore sur Ummo. Sesma n'étant pas fort ordonné, de nombreux textes sont malheureusement incomplets.] Quoi qu'il en soit, il ne reçut plus qu'une dizaine de pages en 1967, et plus rien en 1968.
Parmi les autres "contactés" recevant des lettres de Ummo, figurent l'ingénieur Enrique Villagrasa, dont Farriols et Ribera deviennent amis, et surtout José Luis Jordan Peña (souvent appelé Jordan tout court) [ce qui est normal, puisque selon la norme espagnole, Peña est le nom de sa mère et Jordan son nom officiel, celui de son père, patronymique dirions-nous] qui va prendre de plus en plus d'importance dans toute l'affaire. Luis Jordan est un psychologue d'entreprise qui s'intéresse au paranormal. [Je demande des sources contrôlables, car mon enquête ne donne pas cela. Jordan est de formation scientifique, niveau BTS ou "petit" ingénieur ( les équivalences sont difficiles. Les Espagnols appellent cela "ayudante", "adjoint"). Il est professeur de physique et d'électricité dans un collège technique. Il s'intéresse au paranormal. Il suit un stage d'une semaine en psychologie d'entreprise. Il entre plus tard dans une entreprise de travaux publics (ses études étaient dans cette branche) et je n'ai pas pu y reconstituer son emploi avec certitude. Comptable? Psychologue? Cadre technique?] On l'a vu, il est l'un des principaux témoins de la première observation, à Aluche en 1966. C'est lui également qui va trouver la plupart des autres témoins, pour Aluche ainsi que pour les observations de 1967, à San José de Valderas et Santa Mónica. Il intègre alors le groupe de Madrid, dont il va devenir le président et qui prendra le nom de "Eridani". [Tout ceci est faux. Jordan a été le principal témoin d'Aluche, visiblement secoué par ce qu'il a vu, car il ne croit pas aux Ovni. C'est le journaliste spécialisé (Antonio San Antonio), devant ses questionnements, qui l'a orienté vers les réunions de la Baleine Joyeuse de Sesma. C'est Jordan qui le déclare lui-même (Ribera, Farriols-2, p136). Il s'y inscrit sous le nom de Peña (de sa mère) car le nom de Jordan est sorti dans la presse et il ne veut pas être importuné. On remarquera que cette attitude est saine et n'est pas celle d'un monteur de canular, même à long terme. Lorsque le Groupe de Madrid se forme, Peña, très rationaliste, les traite de sectaires, car spécialisés uniquement sur Ummo, alors que son questionnement relève de l'ufologie générale et du paranormal. Il crée alors, à part et de toutes pièces, le groupement ERIDANI. C'est en 1970. Lequel ne résistera pas aux tensions internes des pro-ummo dont Jordan ne pouvait interdire l'inscription. ERIDANI fut reconverti, moins de 2 ans après sa création, en Société Espagnole de Parapsychologie, dont la présidence lui fut retirée, par suite de ses excès. Le groupe de Madrid est un petit rassemblement informel dont il n'a jamais été exclu, malgré ses prises de positions très sceptiques. Je crois qu'il représentait, aux yeux de certains, comme un "contrepoids" et c'était pour lui le seul moyen de rester informé des nouvelles lettres reçues ou des nouveaux faits intervenus.]
Luis Jordan est véritablement un pilier de toute l'affaire Ummo. [Omniprésent, oui, parce qu'il était toujours en recherche et avide de l'information qui ferait triompher son point de vue, mais pas "pilier" du tout!] Or il est en fait de tendance rationaliste très dure, hostile aux ovnis et à tous les phénomènes "paranormaux"! Cela est clair dans un entretien qu'il a accordé en 1991 à Alejandro Agostinelli, ufologue argentin travaillant pour la revue espagnole Cuadernos de Ufologia. Cet entretien est paru en français dans la revue Phénomèna de mai-juin 1993 (Agostinelli 1). [Il a commencé à se durcir quand il a été pris en flagrant délit d'imposture pendant une séance d'hypnose avec une dame. Par une caméra cachée. Il est devenu encore plus intransigeant quand une certaine ufologie a cherché à l'impliquer, pour la première fois en sept 1988, en le soupçonnant d'avoir tout inventé (Cuadernos-1, article de Carlos Berché). Ces accusations, contre lesquelles il était impossible de se défendre, insinuations, etc... l'ont aigri et l'ont poussé vers des désordres psychologiques, essentiellement mythomaniaques et paranoïaques.] Puis, en 1993, il a fini par avouer qu'il était l'auteur des lettres ummites! (Petit 2, p. 225, et Mahric 2). Disait-il la vérité ou continuait-il à tisser des mensonges? Il semble établi qu'il a au minimum participé à leur rédaction et à leur diffusion, mais le niveau scientifique souvent élevé de ces lettres incite à douter qu'il en ait été réellement l'auteur. [Absolument rien n'est établi. Ce sont encore des rumeurs sans fondement. Ni à la rédaction, ni à la diffusion. Les arguments avancés, en particulier les analogies de dessins (!) et d'autres sont des affirmations invérifiables. Il n'a pas encore donné le moindre début d'élément vérifiable qui rendrait ses "aveux" crédibles.] Je vais y revenir plus loin, mais commençons par résumer le dossier des observations de Madrid, en rappelant les divers témoins, souvent "découverts" par Luis Jordan Peña.

La première observation: Aluche, février 1966
C'est un communiqué de presse de l'agence Cifra qui révèle cette première observation, censée avoir eu lieu le 6 février1966 à Aluche, dans la banlieue sud de Madrid. Entre 20 h et 21 h, "un vaste ovni circulaire", observé par plusieurs témoins, aurait effectué un bref atterrissage dans cet endroit. L'agence Cifra mentionne deux témoins qui semblent indépendants l'un de l'autre: un témoin pour le moment anonyme, et Vincente Ortuño qui a vu l'ovni depuis sa fenêtre (Ribera, Farriols 2, p. 51).
Le témoin "anonyme" était en fait Luis Jordan Peña, qui passait en voiture à ce moment-là. Son adresse est révélée le 16 février dans la revue Porqué de Barcelone qui publie un "entretien fictif" avec Luis Jordan (Ribera, Farriols 2, p. 54). [Il y a lieu d'être précis, car cette présentation pourrait paraître tendancieuse. L'entretien a eu effectivement lieu par téléphone, et c'est le face à face d'interview, mis en scène par le journaliste, qui est fictif.] Antonio Ribera, qui ne le connaît pas encore, peut ainsi le contacter et obtenir une longue réponse par lettre. [Cette information est fausse. C'est l'inverse: Ribera qui écrit une lettre à Jordan et celui-ci ne parle pas d'une éventuelle réponse (id p136).]
Jordan lui raconte [le témoignage de Jordan a été fait par écrit à l'ufologue Eugenio Danyans, et pas du tout à Ribera (Ribera, Farriols 2)] qu'il vit approcher un disque dont la couleur, d'abord blanchâtre, passa ensuite au jaune, puis à l'orange. Il arrêta sa voiture, vit l'objet descendre non loin, et il essaya de s'en rapprocher en voiture. Alors qu'il s'en approchait, il vit le disque s'élever rapidement en émettant une lumière "insolite" (Ribera/Farriols 2, Ribera 3). L'objet paraissait avoir de 10 à 12 m de diamètre, et produisait un "son vibrant, régulier et sourd". Soudain, il disparut, comme s'il s'était "éteint". Trois "projections", en fait des sortes de pieds, étaient apparentes sous l'appareil, ainsi qu'un large signe, assez semblable à celui de Ummo, mais sans barre transversale. [Jordan ne l'a pas vécu comme un signe, et ce terme induit chez le lecteur un amalgame non objectif. Les termes exacts de Jordan (Ribera-Farriols-2 p58) sont: "Mon attention fut seulement attirée par une particularité (en dehors des supports - ou béquilles - d'atterrissage que j'ai déjà décrits: au centre de la face inférieure du disque (le "ventre" si vous préférez), se trouvait un tube ou un tuyau d'échappement des gaz, dont la forme irrégulière peut être approximativement comparée (mais là encore je n'affirme rien) à une ligne droite placée entre deux parenthèses ouvertes vers l'extérieur. "On constate que Jordan ne décrit pas un signe, mais un "tuyau d'échappement". Il est évident qu'il n'affabule pas et ne construit pas le "futur" signe Ummo, comme pourrait le laisser comprendre la phrase de l'auteur. Une lettre postérieure (D38 à Sesma du 17/06/1966) insiste d'ailleurs sur son erreur et revendique le signe. Jordan se serait "tiré une balle dans le pied"?]
Jordan raconte que, très impressionné, il a enquêté aussitôt et trouvé d'autres témoins, qu'il a enregistrés avec un magnétophone. L'article de Porqué signalait déjà deux autres témoins, découverts on ne sait comment par Jordan: Mme Maria Ruiz Torres, habitante d'Aluche, qui a vu "un œil gigantesque derrière une vitre", et le berger Juan Jimenez Diaz, qui a vu une porte s'ouvrir et se refermer quand l'ovni a atterri, après quoi il a repris son vol. D'autre part, dans une lettre du 26 février au journaliste Eugenio Danayans, Luis Jordan raconte que, dès son observation sur la route, il est allé à une ferme toute proche, El Relajal, habitée par M et Mme Pelaez Blanco, mais ceux-ci n'avaient rien vu. [Le raccourci, volontaire ou non, est tendancieux. Jordan est allé "à la ferme", semble-t-il à quelques dizaines de mètres, mais après le décollage de l'Ovni, c'est-à-dire après son deuxième arrêt (de Jordan) sur la route. La consultation précise du plan disponible (Ribera, Farriols 2, p64) montre bien que l'ovni s'est posé à côté du bâtiment d'habitation de la ferme. Mme Pelaez Blanco jouait aux cartes avec son mari et des amis dans une pièce de l'étage et la télévision fonctionnait. Si la fenêtre de la pièce où ils jouaient était sur la façade opposée au lieu d'atterrissage, c'est-à-dire vis-à-vis de l'immeuble ou habitait Ortuño, il est normal qu'ils n'aient rien vu. De plus, il eut été plus objectif et conforme à la vérité d'ajouter que Mme Pelaez Blanco a signalé que l'électricité s'est éteinte à ce moment (id p 76). Elle a donc noté une situation anormale.] Or Vincente Ortuño, l'autre témoin se trouvant à sa fenêtre à quelque distance de là, dit avoir vu l'ovni atterrir juste derrière cette ferme en illuminant les alentours (Ribera, Farriols 2, p. 89). [Reste à préciser ce que le témoin appelle "illuminer". Quand vous jouez aux cartes la nuit, est-ce que vous vous levez chaque fois qu'une voiture passe sous vos fenêtres, pleins phares allumés?] Jordan cite aussi un officier d'aviation qu'on ne va pas pouvoir retrouver.
Quels témoins ont pu retrouver Ribera et Farriols? En fait, à part Luis Jordan, ceux-ci n'ont pu rencontrer que Vincente Ortuño, deux ans plus tard, le 1er juillet 1968, et son témoignage est assez vague. Il leur dit avoir vu de loin l'ovni "en forme de lentille", qui illuminait les alentours, disparaître derrière la ferme, puis réapparaître et s'éloigner en virant au jaune pâle. Il a vu une tache sombre sous le ventre, mais pas le symbole Ummo (Ribera 2, p. 68). Pour les autres témoins cités par Luis Jordan, Ribera et Farriols ont dû se contenter d'écouter les enregistrements qu'il avait fait au magnétophone. Parmi ceux-ci, Mariano de la Heras, propriétaire d'un bar proche, "Le Palencia", raconte que plusieurs clients, dont des soldats employés à une poudrerie proche [non, pas une poudrerie qui laisserait supposer une usine de fabrication, mais un simple dépôt de munitions militaires, d'ailleurs abandonné dans les mois suivants. Le traducteur a mis "poudrière", ce qui est correct], ont dit avoir vu l'ovni, mais aucun n'a laissé d'adresse et il est impossible de les retrouver. [C'est normal, ce sont des jeunes gens qui font leur service militaire, et ne veulent pas être impliqués. Ils sont encore sous la dictature…] Amador Gonzales, marchand de chaussures, dit connaître plusieurs témoins de l'atterrissage, mais refuse de donner leurs noms et adresses.
En revanche, on a découvert des traces au sol, le lendemain près de la ferme. Un journaliste de Madrid, Antonio san Antonio, intéressé par les histoires d'ovnis [c'est le correspondant spécialisé en Ufologie du journal Informaciones!], vient les photographier dès le lendemain et publie la photo le 9 février dans un article du journal Informaciones, quotidien du soir à Madrid. Ribera et Farriols ne disent pas comment il a pu être aussi rapide. [Il a seulement fait son métier, en épluchant les dépêches d'agence et il a tout simplement lu le communiqué de l'agence Cifra.] Est-ce Luis Jordan qui l'a prévenu? Ce sont trois empreintes rectangulaires de 15 x 30 cm et profondes de quelques centimètres, dans un sol relativement dur. Elles peuvent correspondre aux trois "pieds" décrits pas Luis Jordan. Mais sont-elles authentiques? On ne sait même pas qui les a trouvées. Dans leur livre Un Caso Perfecto, Ribera et Farriols écrivent seulement: "Le lendemain de l'événement, une foule de curieux vinrent les examiner; parmi eux se trouvait don Antonio san Antonio, reporter photographe au journal Informaciones qui les fixa sur la pellicule et eut l'amabilité de nous remettre les négatifs dont le lecteur verra la reproduction dans cet ouvrage" (Ribera, Farriols, 2, p. 63). [Ces traces font couler beaucoup d'encre, et ce n'est pas fini! Est-il important de ne pas retrouver le "découvreur", puisque l'on a des photographies, dont une assez précise, et un schéma? J'ai personnellement pu reconstituer, à partir des témoignages disponibles dans l'ouvrage cité, la force nécessaire à leur réalisation. 14 Tonnes environ par empreinte de 30cmx15cm, en février 1966, de nuit, excluent catégoriquement une réalisation humaine de simulation, surtout avec une Fiat 600. J'ajoute que les revendications de trucage combinées de Jordan et Ortuño sont à "mourir" de rire! A la première déclaration, ils ont dit avoir utilisé un seau de plage et un chalumeau. Lorsque plus tard on leur a fait remarquer que la terre était très dure, ils ont rajouté une petite houe pour "ameublir" le terrain!…]
Le seul témoin apparemment indépendant de Jordan était Vincente Ortuño. Hélas, nous savons maintenant qu'ils étaient amis depuis plusieurs années! Cette amitié entre Jordan et Ortuño est signalée par les ufologues espagnols José Juan Montejo et Carles Berché: lors d'un deuxième entretien avec Ortuño, celui-ci leur a concédé qu'il connaissait Jordan depuis plusieurs années avant 1966 (Cuadernos 2, p. 32). Ceci m'a été confirmé par l'ufologue espagnol Javier Sierra, qui est convaincu que toute l'affaire d'Aluche a été mise en scène par Luis Jordan. Je connais Javier, l'ayant rencontré plusieurs fois comme conférencier au symposium annuel de Saint-Marin, et je tiens ses informations pour crédibles. Voici ce qu'il m'a écrit le 9 octobre 2001, en m'autorisant à le citer:
"L'affaire Ummo est très difficile. Il est exact que je me suis beaucoup impliqué dans son étude, de 1988 à 1994, en découvrant que le cas d'Aluche en 1966, qui est à l'origine de toute l'affaire, était un canular perpétré par Jordan Peña et Mr Vincente Ortuño, les deux témoins du cas. Ils étaient apparus dans la presse comme des témoins indépendants, mais la vérité est qu'ils étaient de très bons amis. J'ai obtenu la confession d'Ortuño dès 1988. Et plus tard celle de Jordan".
[En réalité, c'est sensiblement plus compliqué que cela et Javier Sierra pêche par omission. J'ai en mains les comptes rendus des multiples interview accordées, à plusieurs années d'intervalle par Ortuño à JJ Montejo. Cette question de la connaissance antérieure mutuelle des deux hommes est trouble. D'après les déclarations d'Ortuño, ils habitaient le même quartier, pas la même pension et se connaissaient par la "cantine" où ils prenaient leurs repas.
"De 1956 à 1960, José Luis Jordán fut hôte d'une pension dans la rue de San Marcos, à Madrid. Il vient probablement ensuite habiter dans le quartier C d'Aluche, puisque son domicile s'y trouve encore début 1966 (d'après sa lettre à Danyans). Vicente Ortuño, qui résidait alors dans une pension de la rue Hortaleza assure qu'il connaît Jordán depuis 1962, puisqu'il avait l'habitude de se retrouver avec lui dans un restaurant économique du quartier. C'est en 1989 que Ortuño avoua son amitié avec Peña d'avant 1966, et confirma en outre sa déclaration initiale de 23 ans auparavant, en ce sens qu'il avait effectivement vu un OVNI à Aluche le 6-2-66, depuis la fenêtre de son appartement de l'avenue Rafael Finat. C'était 4 ans avant les "aveux" solidaires!"
Ummocat N° 4185 .et 4.920

Données de J.J. Montejo à Ignacio Darnaude Rojas-Marcos le 22-9-97. 2 feuillets.

Amitié "digestive". Il est significatif que Jordán interview tout le monde possible, mais ne fait pas état "officiel" du témoignage d'Ortuño. Pourquoi? Si les déclarations d'Ortuño, sincères, desservent la version "extraterrestre" ou paranormale, Peña a tout intérêt à le faire connaître. Je pense que le témoignage d'Ortuño conforte trop la version "surnaturelle" de la chose, et c'est ce qui ne plaît pas à Peña: il ne fait pas état d'avoir interrogé Ortuño. Leurs relations de cantine n'ont rien à voir là-dedans et il ne lui vient pas à l'esprit de les mentionner, pas plus qu'à Ortuño. Ce sont les esprits "compliqués" des enquêteurs ufologues espagnols (Carballal, Berché, Sierra et, dans une moindre mesure, Montejo) en quête d'une falsification (car ils n'admettent pas non plus la possibilité du "sur-naturel") qui ont monté en épingle cette relation sans importance qui servira plus tard à Jordán, dans le sillage des affirmations de ces ufologues.]
La second incident, près de Madrid en 1967, est-il plus solide?

San José de Valderas, juin 1967
Dans un article paru en 1969 dans la Flying Saucer Review et dans Phénomènes Spatiaux (Ribera 3), Antonio Ribera résume ainsi l'incident: le 1er juin 1967, dans une banlieue de Madrid encore assez rurale, "plusieurs personnes goûtaient la fraîcheur de l'air du soir", lorsqu'elles aperçurent tout à coup un étrange objet en forme de disque qui évolua pendant une douzaine de minutes à très basse altitude. Large d'environ 12 à 13 mètres, il semblait constitué de deux grandes cuvettes accolées, avec sous le ventre le fameux signe Ummo. L'incident fut rapporté dans la presse le lendemain, et José Luis Jordan, nous dit Ribera avec admiration, "ne perdit pas une minute, tant sa hâte était grande, pour aller interroger tous les témoins de cette seconde affaire, qui semblait avoir un rapport si étroit avec la première". Et voilà de nouveau, en première ligne, Luis Jordan Peña! [Evidemment. Cet homme est un super sceptique et en même temps très curieux. A cette époque encore, il traque la vérité de toutes ses forces, d'où sa recherche, car il veut savoir si des gens falsifient (il soupçonnera, peu de temps après, la CIA) et, si possible, comment...]
Qui sont les témoins de ce nouvel incident? Dans son article de 1969, Ribera dit qu'ils sont nombreux mais mentionne seulement "une dame dont Jordan enregistra les déclarations", des "rumeurs circulant dans les bars de l'endroit", un "ingénieur qui vit la chose voler le long de la grand-route de l'Estremadure". Il ne donne pas leurs noms et ne dit pas s'il les a rencontrés.
Dans son livre de 1968, il évoque une centaine de témoins et donne plus de détails (Ribera, Farriols 2, p. 97), mais en fait très peu de témoins sont cités. La plupart ne sont connus qu'à travers Luis Jordan, qui les a enregistrés sur son magnétophone, et il ne paraît pas utile à présent de les détailler.
[Encore une fois, puisque Jordan a fait tout le travail de collecte, pourquoi le refaire? Aucun de ceux qui fréquentent Jordan à cette époque ne met en doute sa sincérité et son engagement dans la recherche de la vérité. Les soupçons apparaîtront 20 ans plus tard, de la part de gens auxquels il faut à tout prix un coupable terrien…]
Le doute subsiste sur la question de savoir si certains sont sincères et ont réellement vu quelque chose dans le ciel, mais alors qu'ont-ils vu vraiment? [Non, l'ensemble est cohérent. Le doute a été installé par les conclusions de Claude Poher, conclusions injustifiées (voir mon livre).] On ne peut exclure quelque mise en scène, peut-être avec un modèle réduit, comme l'ont suggéré Claude Poher et Jacques Vallée [c'est inexact. Claude Poher a proposé des fusées éclairantes et Jacques Vallée un modèle réduit de soucoupe volante!], remarquant qu'il y avait un terrain d'aviation et une école aérotechnique à proximité (Poher 1, Vallée 2, p. 123). [Cette théorie ne résiste pas à une analyse sérieuse, comme je le démontre dans mon livre. Quant au terrain d'aviation voisin, c'est un petit aérodrome civil, en cours d'abandon. Il n'y a plus de trafic, comme le confirmera la Direction de l'Aviation Civile espagnole.] Qu'en est-il des fameuses photographies prises ce soir-là? Elles sont censées avoir été prises par deux témoins qui se trouvaient sur les lieux, tout près l'un de l'autre, et qui avaient chacun un appareil chargé, prêt à fonctionner. Mais ils restent anonymes, et les photos seront dénoncées comme fausses dix ans plus tard! [Nous avons vu que ces dénonciations ne reposent sur rien de solide. Le double photographe n'existe que dans la tête des ufologues, comme je le démontre. Une autre explication, très simple, existe: voir mon livre.]

Des photographes anonymes
Le premier photographe anonyme prend contact par téléphone avec le reporter du journal Informaçiones, Antonio san Antonio, qui avait déjà photographié et publié avec une grande célérité les traces d'Aluche.
Il lui déclare qu'il possède un "document photographique présentant un intérêt exceptionnel", qui est à sa disposition dans un laboratoire photographique, où il peut aller le chercher (Ribera, Farriols 2, p. 98). San Antonio se précipite et y trouve cinq clichés, séparés, qu'il publie dès le lendemain 2 juin au soir dans le journal Informaçiones. On ne sait qui admirer le plus pour leur célérité, le photographe amateur ou le journaliste. [J'ai déjà expliqué que ce journaliste est spécialisé en Ufologie. Il est donc en veille permanente comme tout journaliste. Il fait seulement bien son travail.] L'enquêteur Rafaël Farriols, après un entretien avec le journaliste, supposa que le témoin avait développé le film lui-même dans la nuit. Il l'aurait mal fait, ce qui expliquerait le flou des clichés [les clichés ne sont pas flous. Le défaut est un défaut de grain qui aurait pu être un peu plus fin]. Rétrospectivement, sachant maintenant que c'étaient des faux - des maquettes pendues au bout d'un fil - on peut supposer qu'ils étaient flous intentionnellement, pour cacher le trucage. [Toute cette supposition tombe, puisque personne n'a décelé ni démontré de trucage dans les photos, qui ne sont pas floues. L'affirmation des maquettes et du fil est un mélange du fil inventé par Poher et de l'hypothèse maquette à usage du public témoin (Vallée). On remarquera que les 2 sont incompatibles, car il est spécialement absurde de montrer au public un trucage avec une maquette au bout d'un fil !]
Le second photographe amateur, nous disent Ribera et Farriols, qui disait s'appeler Antonio Pardo, avait aussi développé ses clichés lui même et les avait gardés chez lui pendant deux mois. "Enfin, il prit contact par téléphone, puis par lettre, avec notre ami Marius Lleget, peu de temps avant la parution de l'ouvrage que celui-ci a consacré aux disques volants" (Ribera, Farriols 2, p. 102). Mais Lleget, qui était très distrait, nous disent Ribera et Farriols, oublia de lui demander son adresse! [Ce constat n'est pas probant. Quand quelqu'un vous annonce une lettre, vous pensez normalement que son adresse y figurera. Vous ne posez donc pas la question.] Rétrospectivement, on se dit qu'il avait peut-être été bien choisi, et au bon moment.
Le mystérieux Pardo lui envoie aussi, joint à sa lettre, un cliché d'une "petite bande de matière plastique", d'un "fragment de métal tombé, paraît-il, du VED ("Véhicule Extraterrestre Dirigé") lorsque celui-ci avait atterri pour quelques instants à proximité de Santa Mónica, ainsi que deux négatifs de photos prises par lui dans son appartement et représentant le tube métallique et l'élément en plastique" (ibid. p. 102). Il s'agissait de mystérieux tubes métalliques contenant un bout de feuille plastique, découverts non loin de là, à Santa Mónica, où l'engin serait allé se poser brièvement, après avoir été observé à San José de Valderas, où les témoins l'avaient vu s'éloigner vers cet endroit. [On notera l'unicité de la source: Antonio Pardo que l'on ne retrouvera jamais. Tout cela a un violent parfum d'intoxication et je soutiens que rien n'est ici scientifiquement vérifiable. Les éléments se trouvent, de ce fait, indignes d'études. Il y a en revanche matière à étude psychologique des ufologues qui n'analysent pas…]
Mais avant d'en venir à ce curieux épisode de Santa Mónica, franchissons dix années jusqu'en 1977, date à laquelle deux experts indépendants démontrèrent que les photos de l'ovni étaient des supercheries. [J'ai déjà justifié plus haut pourquoi cette affirmation (ici au moins deuxième redite) est une diffusion de fausses informations, en somme une désinformation.]

En 1977, la découverte des trucages
Personne ne songe aujourd'hui à défendre l'authenticité des photographies de San José de Valderas [Eh bien si! Au courant des années 1999-2000, dans des travaux indépendants et portant sur des bases complètement différentes, La Guardia Civil espagnole à partir de négatifs (Benitez-1) et moi-même à partir de la publication de Claude Poher et des photos, sommes arrivés à la même conclusion: rien ne permet d'affirmer sur des bases scientifiques réelles et argumentées que ces photos sont le résultat de trucages (voir mon livre)]. Rappelons comment elles furent démasquées en 1977 par deux équipes indépendantes. En France d'abord, par l'ingénieur Claude Poher, du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) à Toulouse, qui s'intéressait à cette affaire depuis le début des années 70. Il avait étudié des lettres ummites et avait déjà de sérieux doutes sur leur authenticité, comme nombre d'ufologues espagnols. [Ses échanges épistolaires et téléphoniques avec Aimé Michel, rapportés par A. Ribera (Ribera 6) le montrent au contraire enthousiaste, mais d'autres s'interrogeaient, comme ils se doit, sur ces documents.] La revue espagnole Stendek avait déjà publié dès 1972 un article jugeant fausses les photos de San José (Stendek 1). En 1976, de nouveaux moyens d'analyse performants devinrent disponibles au CNES, et Poher obtint de Farriols et Ribera le prêt des documents originaux. Les conclusions de son étude, totalement négatives, furent publiées en juin 1977 dans la revue Lumières dans la Nuit (Poher 1):
"Les résultats des études conduisent à penser que ces clichés sont une supercherie réalisée au moyen d'une petite maquette en plastique translucide sous laquelle on a dessiné le signe )+( à l'encre et que l'on a suspendue par un fil très fin pour la photographier en prenant bien soin de ne pas faire apparaître la "canne à pêche" sur les clichés, ce qui explique les visées anormales".
[On observera simplement la prudence de formulation Claude Poher "conduisent à penser que...", qui n'est pas mise en perspective ici. Il établit deux groupes d'arguments: pour et contre, dont la présence n'est pas rappelée ici. Et se garde bien de trancher. Il parle d'un fil très fin possible (hypothèse qu'il étend sans preuve à " très probable") que même les analyses techniques très poussées (et non contestables) n'ont pas mis en évidence. La qualité de cette argumentation tient en deux mots. Il a procédé à des tests techniques solides et sérieux, lesquels (à l'exclusion de la mesure d'albedo) ont donné des résultats. C'est l'interprétation de ces résultats et des éléments complémentaires (conditions de prise de vue, en particulier) qui n'est ni scientifiquement, ni logiquement justifiée. J'ai démontré que techniquement, c'était indéfendable, en particulier qu'un fil d'1/10è de millimètre présent et translucide aurait été décelé sur les négatifs. La conclusion est en décalage argumentaire total avec le bilan (presque) objectif des observations techniques.]
On avait remarqué, en effet, que les photos étaient cadrées bizarrement, l'ovni étant toujours très décentré, en haut de l'image. Une autre bizarrerie était l'absence totale de personnages au sol, alors que de nombreuses personnes étaient censées se trouver là. Enfin, Poher avait démontré que les deux photographes anonymes ne faisaient qu'un, l'appareil étant exactement au même endroit [c'est faux, il y a 7,2 mètres de différence ( Ribera, Farriols 2, p 223) et c'est même sur cette distance, combinée au "pied nécessaire" que l'argumentation de Poher est construite], monté sur pied à 1,15 m du sol [cette conclusion est contestable aussi, voir mon livre]!
[Ce ne sont pas des arguments. Même s'il n'y a qu'un seul photographe, conclusion que je fais mienne aussi, on démontre également que le cadrage non "plein centre" est le seul qui donne accès aux paramètres d'évaluation de l'image, par tout le reste du cliché. Le constat objectif de la position non centrale de "l'engin", peut donner lieu à toutes les spéculations. En l'absence de validation scientifique (je veux dire par des faits reconnus et partagés par la communauté scientifique), ce ne sont que des spéculations, et rien d'autre!]
Les conclusions de Claude Poher, publiées juste avant la création du GEPAN dont il fut nommé responsable, furent confirmées la même année par l'équipe américaine de William Spaulding "Ground Saucer Watch", très active à l'époque sur l'étude des ovnis. L'analyse sur ordinateur fit apparaître la trace du fil auquel la maquette était attachée (Clark 1, Caudron 1). Signalons aussi qu'une étude faite plus récemment en Espagne par Carles Berché a abouti aux mêmes conclusions (Cuadernos 2). [Je rappelle ici ce que j'ai écrit plus haut. Les analyses américaines ont été faites sur des positifs, ce qui enlève toute valeur scientifique à leurs conclusions. De plus l'analyse la plus récente a été faite par la Guardia Civil espagnole (automne 2000) sur les négatifs et conclut à l'absence de supercherie détectable avec les moyens actuels (les photos sont de 1967!) (Benitez-1). Ces affirmations sont donc totalement fausses.]
Cette découverte des photos truquées [désinformation pour la 3ème fois au moins! voir ci-dessus], en 1977, allait-elle sonner le glas de l'affaire Ummo? Oui, pour la plupart des observateurs. Non, pour les convaincus qui étaient encore nombreux en Espagne, en France et quelques autres pays. Ainsi Ribera écrivait-il en 1979, dans l'introduction de son livre Les Extra-terrestres sont-ils parmi nous? (Ribera 5, p. 24):
"Pas si simple! Nous ignorons bien sûr la source de ces documents photographiques, mais Poher oublie un peu vite que le cas de San José s'appuie également sur plusieurs témoignages".
C'est la raison pour laquelle il faut évoquer ici, même brièvement, ces fameux témoignages.

A Santa Mónica: atterrissage et tubes métalliques
Revenons maintenant aux événements de juin 1967 dans la banlieue de Madrid. Peu après l'apparition de San José le soir du 1er juin, des témoins avaient vu l'ovni non loin de là [il y a environ 6 km de distance à vol d'oiseau], à Santa Mónica. Certains l'avaient même vu s'y poser brièvement! [Aucun témoin ne confirme l'atterrissage, ni la phase au sol proprement dite. Les témoins décrivent seulement la descente ou la remontée, et pas de près.] Le mystérieux Antonio Pardo, parti sans laisser d'adresse mais toujours bien renseigné, avait donné quelques pistes dans sa lettre à Lleget: le restaurant "La Ponderosa", et quelques noms de témoins à Santa Mónica. [Il faut recadrer les choses: ce témoignage n'est venu que plus de 2 mois après. Ce n'est sûrement pas sur ses bases, comme le laisse entendre l'auteur, que l'enquête du lendemain a été faite!] Mais c'est Luis Jordan Peña, encore lui, qui avait déjà rencontré les témoins et les avait enregistrés au magnétophone [rien d'étonnant à ce que son enquête, faite dans les jours suivants, précède de 2 mois le témoignage tardif, qui plus est incontrôlable]. Par la suite, Ribera et Farriols durent se contenter d'écouter ces enregistrements, pour la plupart d'entre eux [évidemment, puisque la détention de ces bandes aurait donné un début de réalité objective aux témoignages et donc aux observations. En ne les donnant pas, Peña se garantissait une possible sortie "rationnelle"!]. Ils mentionnent quand même dans leur livre trois autres témoins retrouvés par un enquêteur indépendant, mais celui-ci a voulu garder l'anonymat, tout autant que ses témoins: c'est bien dommage pour nous. Admettons cependant que des témoins indépendants avaient vu quelque chose. Il reste à savoir quoi. Or leurs témoignages sont vagues: ils ont vu par exemple une lumière orange traverser le ciel avec des étincelles. Il pourrait très bien s'agir d'une fusée éclairante tirée par des complices de Jordan Peña. [Le flou des témoignages évoqués ici exclut effectivement que les témoins aient assisté à l'atterrissage rapporté par tous les ufologues. J'ajoute que l'auteur du présent article n'a jamais dû voir de fusée éclairante de sa vie, car il n'y a pas de confusion possible: la chute est lente, à vitesse constante et ne dépasse pas une trentaine de secondes. C'est très proche d'une fusée de détresse marine ou d'une belle fusée de feu d'artifice, en plus durable et plus lumineux, intensément blanc (magnésium). Si un témoin peut assimiler une fusée éclairante à un Ovni, on doit l'estimer très loin et incapable de donner des détails crédibles!]
Le principal témoin signalé par Pardo et rencontré par Luis Jordan était le patron du restaurant "La Ponderosa ", Antonio Muñoz. Celui-ci a raconté que, alors qu'il préparait la salle pour le dîner, il vit entrer les uns après les autres toute une série de témoins "très excités" (Ribera 3, pp.24 et 25). [Formulation parfaitement abusive: Muñoz n'a jamais prétendu avoir vu quelque chose, il n'est donc pas "témoin", et encore moins "principal"! Tout au plus impliqué dans les conséquences des témoignages, qu'il a entendus et rapportés selon les demandes qui lui ont été faites. On peut même se demander, au vu des incohérences d'horaires (voir ci-dessous), s'il n'a pas tout mélangé.] Ceux-ci lui dirent, chacun à leur tour, avoir observé l'ovni avec son fameux symbole Ummo [c'est faux, pas un seul des témoignages rapportés par Muñoz ne mentionne le signe Ummo], un "objet circulaire rouge qui vola au-dessus de leurs têtes et se posa brièvement sur le sol avant de s'envoler de nouveau". Il y a un détail qui ne colle pas: selon Muñoz, les témoins commencèrent à défiler vers 17 h 10 (Ribera, Farriols 2, p. 172), alors que l'observation de San José, précédant celle de Santa Mónica, était censée avoir eu lieu après 20 h! Détail plus regrettable encore, Muñoz ne nota ni noms ni adresses. [Quand vous êtes patron de restaurant, en haut d'une échelle et en train de poser des guirlandes de décor, vous pensez à demander son pedigree à chacun des "ennuyeux" qui vous interpellent?] Le lendemain, il était occupé et c'est son beau-frère qui alla sur le terrain, où il découvrit trois empreintes rectangulaires, de même forme et de mêmes dimensions que celles d'Aluche. On peut se demander qui les avait faites. [Pour qu'elles aient été faites, il faudrait avoir la certitude de leur existence. Même Antonio Pardo, supposé enquêteur attentif, précise qu'il ne les a pas trouvées, et qu'il en a seulement entendu parler. Restons objectifs et scientifiques: rien, absolument rien, ne conforte l'existence de ces traces. Elles sont alléguées et nées de l'intoxication, fort bien faite, par les cascades de témoignages: l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'hom… qui a vu l'ours…]
C'est ici que le mystère s'épaissit encore, avec la découverte au sol de petits tubes métalliques. Citons exactement l'article de Ribera dans la revue Phénomènes Spatiaux de décembre 1969 (Ribera 3):
"Il apparaît qu'à l'endroit de l'atterrissage furent découverts de mystérieux tubes métalliques. Ils avaient moins de 15 cm de long et provenaient, semble-t-il, de l'engin.
[Nous devons ici encore RELATIVISER. D'une part, absolument aucun élément indépendant ne confirme l'existence de ces tubes. Seules les déclarations d'Antonio Pardo, près de 3 mois plus tard en font mention. Avec un "montage accessoire" excellent pour "attester" leur existence (courrier de Dagousset, avec photo et croquis coté, en conformité avec les photos d'Antonio Pardo). Ribera a malheureusement encore une fois été "emporté" par son enthousiasme et a interprété. La photo montrée dans l'article représente un tube, certes, et c'est Pardo qui a déclaré que c'était un tube qu'il avait racheté à une dame dont le fils avait ramassé celui-ci sur les lieux supposés, etc… absolument invérifiable. Des photos et des déclarations comme celle-ci, on peut en faire tous les jours! Le tube ci-dessus est peut-être de Santa Monica, mais il serait objectif de dire qu'il a été revendiqué sans preuve comme provenant de Santa Monica. On peut donc tout autant constater le fait comme une intoxication pure, à laquelle (presque) tout le monde a cru.]
Quelques jours après l'atterrissage, señor Muñoz et un certain nombre d'hommes d'affaires de la région [restons vrais: juste quelques commerçants de Santa Monica, comme Muñoz] reçurent une circulaire signée par un nommé "Henri Dagousset" où l'on pouvait lire qu'ayant appris par la presse espagnole qu'un ovni avait atterri à Santa Mónica et que cet ovni ou soucoupe volante avait laissé tomber des tubes métalliques, lui, ledit Henri Dagousset, éprouvant un intérêt scientifique pour ces tubes, offrait au nom du groupe qu'il représentait 18.000 pesetas pour chaque tube envoyé à son secrétaire, M. Antoine Nancay…" [Voir ce que j'en ait dit ci-dessus. Tout concorde à l'intoxication par convergence "objective" et rien n'est étayé par des faits vérifiables.]
La lettre donnait un numéro de boîte postale valable jusqu'au 15 juin, ce qui ne laissait pas beaucoup de temps pour répondre. Elle était accompagnée d'une photographie de l'un des tubes avec un croquis et ses dimensions: drôlement bien renseigné, ce mystérieux Monsieur Dagousset! Disons tout de suite que personne n'a pu le retrouver, et Antoine Nancay non plus, comme l'explique l'ufologue français Hervé Matte, dans un article complétant celui de Ribera. Il avait bien repéré une personne de ce nom dans l'annuaire parisien et l'avait appelé, en compagnie de Joël Mesnard, qui m'a confirmé la chose. Sans résultat: après avoir écouté poliment l'histoire, l'homme s'était borné à répondre platement que ce n'était pas lui, sans aucun commentaire. [Pas surprenant, puisqu'aucune des allégations de ce courrier n'a pu recevoir de vérification.]
Plusieurs petits tubes métalliques furent bien retrouvés par des habitants du lieu [non! aucun élément n'a été obtenu en direct vérifiable: l'information n'est pas solide], et Farriols put en faire analyser un exemplaire par un laboratoire compétent dont il connaissait le directeur. [Il y a ici un amalgame archifaux! Personne n'a rien retrouvé sur place (mise à part la revendication non démontrée de Pardo) et l'échantillon analysé est celui que Farriols a reçu de Lleget, lequel l'avait reçu dans le courrier de Pardo. Encore une fois, rien ne démontre ou ne rend indiscutable l'appartenance réelle de ce morceau de métal au tube photographié, ni celui-ci à un quelconque ovni, fut-il avec le signe Ummo! Je répète: aucun tube n'a jamais été trouvé nulle part sur le terrain.] On découvrit que le métal était du nickel à 99%, avec des traces de magnésium, de fer, de titane, de cobalt, de silicium et d'aluminium. Un matériau cher à fabriquer, mais pas extraordinaire. Dans le tube se trouvait [seulement d'après la déclaration de Pardo, invérifiable puisque l'homme lui-même n'a pas été identifié!!] une petite bande de plastique, frappée du sigle Ummo, qui était du tedlar [affirmation abusive!], un polyvinyle fluoré, plastique très résistant aux intempéries utilisé par la NASA pour protéger les fusées sur les plates-formes de lancement! (Ribera, Farriols 1, pp. 197 à 206) [D'après Jacques Scornaux, (Scornaux-1), la NASA a envisagé de l'utiliser, mais ne l'a jamais fait]. Sacrés Ummites: ils avaient le sens de la plaisanterie. Ne seraient-ils pas d'origine américaine, par hasard? [Ce commentaire n'engage que l'auteur. En effet, l'analyse du matériau qui a été pratiquée, bien que tout à fait sérieuse, est insuffisante pour trancher. On peut seulement en déduire que le matériau analysé a une formule (au passage il y a une belle erreur dans la formule publiée par Farriols et Ribera) comparable à celle du matériau développé par Du Pont de Nemours et il faut ajouter que ce matériau n'était pas disponible à l'époque en Espagne (p203), d'après Farriols, qui est spécialisé en polymères).]

L'atterrissage annoncé à l'avance?
Il faut maintenant mentionner un autre aspect troublant du dossier Ummo dont on a fait grand cas, celui de l'annonce à l'avance, dans une lettre ummite, de l'atterrissage du 1er juin [cet atterrissage a fait l'objet de plusieurs annonces à l'avance]. Dans leur livre de 1968, Ribera et Farriols disent que, le 20 mai 1967, le journal Informacion (dans son édition d'Alicante) avait publié une communication selon laquelle un astronef devait se poser près de Madrid "dans les derniers jours du même mois" (Ribera, Farriols 2, p. 137 de l'édition française). C'était Fernando Sesma, l'homme du "groupe de Madrid", qui avait reçu la lettre et l'avait communiquée au journal. Pourquoi fut-elle publiée dans l'édition d'Alicante et non pas de Madrid? Mystère! [Oui, mais c'est la première annonce. J'ai les photocopies des articles du journal.] De plus, il y a une légère incertitude sur le contenu du message, qui devient "entre le 30 mai et le 3 juin", dans l'article de Ribera de 1969 (Ribera 3). [Je ne sais pas qui déforme, mais la précision est contenue dans la lettre reçue par 3 destinataires différents le 30 mai (c'est ainsi la deuxième annonce, en triple exemplaire) et prévoyant l'arrivée avec une fourchette de groupes "date-heure", entre le 31 mai et le 3 juin.] Puis l'anecdote évolue encore. Dans son article de 1975, Ribera change curieusement la date de l'atterrissage, qui devient le 10 juin 1967 au lieu du 1er juin (Ribera 4-1). Est-ce une coquille? Pas du tout, car il répète plusieurs fois cette date en rappelant la lettre ummite qui l'annonçait [ça n'empêche pas que c'est une coquille, et ce n'est pas la seule que feu Ribera a tolérée. Littéraire, il n'était pas du tout attaché à l'exactitude des données…]:
"Le fait déconcertant est que, plusieurs jours auparavant, les mystérieux "gentlemen" de Ummo avaient annoncé à trois de leurs correspondants de Madrid l'arrivée de l'appareil, prévue pour le 10 juin 1967, et avaient même donné, avec une remarquable précision les coordonnées géographiques du lieu où il atterrirait [on a ici, encore, le style de Ribera. La "remarquable précision" est un point effectivement précis à la seconde d'arc terrestre accompagné d'un cercle d'incertitude de 46 km de diamètre! excusez du peu! J'ajoute que les coordonnées publiées par Ribera ne sont pas le reflet de l'original]. Environ quarante personnes [non, non, à peine la trentaine présente ce soir-là!], présentes à une réunion au Café León, où elles devaient rencontrer le professeur Fernando Sesma, Président de la Société des Amis de l'Espace, confirmèrent par écrit que, la veille au soir du jour où eut lieu l'atterrissage, ils avaient déjà lu l'annonce de son arrivée" [j'ai vu le document d'annonce et les signatures dont certaines sont parfaitement lisibles. Il faut être précis: la lecture suivie de la signature a eu lieu le 31 mai à 22 heures, comme indiqué en accompagnement des signatures]. Et Ribera précise que son ami Farriols possède leur déclaration signée. Le moins qu'on puisse dire est qu'il y a une incertitude sur la date et sur la signification de cet épisode [on a bien vu que non. C'est aussi chez Farriols que j'ai vu cet original]. En revanche, la date du 1er juin, citée dans la presse du 2 juin, semble bien établie pour les événements de Madrid, et c'est un bien curieux trou de mémoire de la part d'Antonio Ribera. [Face à cette contradiction, une enquête approfondie mène à la vérité. Dès lors, faut-il se contenter de rapporter les incohérences pour faire pencher la balance dans le sens souhaité, ou faut-il aller jusqu'à la vérité de l'information ultime? Dans ces conditions, comment faire confiance aux éléments publiés? Sans un retour reconnu et traçable aux sources? En voulant travailler scientifiquement sur ce dossier, j'ai constaté la carence de fiabilité de tous les écrits ufologiques, incohérents, c'est pourquoi je me suis retourné directement vers les documents en espagnol et vers les protagonistes eux-mêmes. C'est long et pénible, cher aussi, mais c'est le prix d'une base de travail objectivement correcte et indiscutable, correspondant à la recherche active de la vérité.

La lettre du dactylographe
Le 6 juin 1967, donc quelques jours après les observations de Madrid, Enrique Villagrasa reçoit une longue lettre, censée être écrite par le "dactylographe" des lettres ummites, mais celui-ci ne dévoile pas son identité. Il se présente ainsi: "Je suis celui qui tape à la machine les documents dictés par les Messieurs d'Ummo" (texte intégral, en français: voir Ribera 5). Il raconte comment il reçut la visite de deux hommes grands, blonds, à la peau claire, qui dirent être des médecins danois, et lui offrirent une forte somme pour taper des textes "scientifiques". C'est ainsi, dit-il, qu'il devint le dactylographe des Ummites! Il raconte aussi que l'un d'eux lui prouva son origine extraterrestre en sortant de sa poche une petite sphère métallique qui flotta dans l'air (Ribera 4-1, p. 22).
La journaliste Martine Castello, qui a enquêté en Espagne à la fin des années 80, raconte que les destinataires des lettres ne poussèrent pas très loin leurs recherches pour découvrir l'identité du mystérieux dactylographe. L'enquête fut rapidement abandonnée, et Rafaël Farriols, questionné par Martine Castello, se fit évasif. Mais elle apprit que l'un des enquêteurs du groupe, qui était commissaire de police, "avait reçu un coup de fil des Ummites lui intimant l'ordre de mettre un terme à cette démarche" (Castello 1, pp. 87, 88), à la suite de quoi il "cessa immédiatement l'enquête, sans même prendre la peine de chercher à localiser la provenance de l'appel téléphonique" [cette dernière observation est absurde puisque la lecture des documents laisse entendre que la technique utilisée par les Ummites est "volante" sur les fils, sans intervention d'un appareil traditionnel, et qu'une recherche ne saurait déboucher sur une quelconque localisation]. Cette anecdote est révélatrice de l'état d'esprit des destinataires des lettres, qui étaient dès cette époque complètement aveuglés et avaient perdu tout esprit critique. Le groupe espagnol prenait déjà des allures de secte. [En juin 67, rien ne prenait encore des allures de groupe isolé. En effet, Dionisio Garrido, effectivement Commissaire de Police, faisait partie du groupe de Sesma, et participait aux réunions de la Baleine Joyeuse. Il ne se considérait pas, dans ses réunions de la Baleine Joyeuse, comme "enquêteur". Il a été effectivement tenté de "pister" les Ummites, avec ses moyens professionnels. En y réfléchissant, avec le risque suivant: en tentant d'identifier les auteurs d'une supposée supercherie, faire perdre définitivement à tout le groupe ce contact si étonnant! Je n'ai pas, personnellement, la trace vérifiable de l'appel ummite. Cet appel est pour moi plausible, sans plus. Et l'attitude de Garrido parfaitement logique et défendable. Et ni aveuglée, ni ayant perdu tout sens critique.]

Quelques points marquants après 1967
Après la période de "lancement" de 1966-1968, la saga de Ummo a continué, fertile en épisodes, surtout dans les années 70-80. Rafaël Farriols est alors devenu le principal correspondant des Ummites, non seulement par lettres mais aussi par téléphone [ce n'est pas vrai, Barrenechea pour les conversations téléphoniques et Dominguez ont été largement aussi destinataires]. La voix, enregistrée en novembre 1968 [le seul enregistrement qui soit sorti du groupe, date du 5 mars 1969], se révèle être synthétique, ce qui évidemment ne prouve rien car on savait faire cela, notamment les Américains, à cette époque. Un appareil générateur de voix synthétique, appelé le "Vocoder", avait été inventé dès 1939 aux Etats-Unis (Cuadernos 2, p.121). [Vrai, mais mise en œuvre invraisemblable. A cette époque le "vocoder" était encore un appareil de modulation à base de machines tournantes, très encombrant et gourmand en puissance. La "voix" du "vocoder" n'est d'ailleurs pas à proprement parler "synthétique", puisqu'une modulation extérieure, comme le "bruit" d'un moteur électrique en rotation, est nécessaire comme support de base. Même nos dispositifs d'aujourd'hui à base de fréquences enregistrées, sur le même principe que la musique midi, utilisent des sons naturels préalablement enregistrés, puis "échantillonnés". On devrait parler de "voix reconstituée". A quoi aurait servi toute cette mise en scène acoustique? Elle était inutile, puisque certains du groupe avaient déjà entendu ce type de voix. Objectivement, au moins avec les éléments que l'auteur a en mains, cet enregistrement ne prouve effectivement rien].

Les réunions en Espagne
En 1971, Rafaël Farriols organise avec son ami Antonio Ribera une première conférence près de Madrid, à laquelle est invité le Français René Fouéré, qui a déjà publié un article de Ribera dans sa revue Phénomènes Spatiaux (Ribera 3), et qui a reçu à son tour une lettre ummite, en français. L'affaire Ummo va-t-elle essaimer en France? Au début, comme le raconte Martine Castello, les Français sont plutôt perplexes (Castello 1, p.138 et suivantes). Fouéré va à la réunion de Madrid, accompagné d'un biologiste. A son retour, celui-ci, qui a gardé l'anonymat, fait de sérieuse réserves sur le groupe de Madrid, alias Eridani [on a vu que le mélange n'est pas vrai et que ce sont deux entités différentes], qui lui semble manquer singulièrement d'esprit critique. Farriols, notamment, "paraît vouer un véritable culte aux Ummites". En outre les Espagnols sont très méfiants, semblant craindre d'être "dans le collimateur d'un service d'espionnage international!" [En fait, ils cherchent tous, malgré tout, une explication "rationnelle" à ces courriers déconcertants, sans jamais avoir l'idée d'aller la chercher dans les textes eux-mêmes. Et Peña, hyperrationaliste, est persuadé depuis les photos de San José de Valderas que seule la CIA a les moyens d'un tel montage. C'est lui qui propage l'idée services secrets.] Certains épisodes de cette période leur donnent à penser qu'ils sont surveillés de près par la CIA [certaines lettres ummites les informent sur la surveillance que la CIA exerce effectivement, car elle prend les Ummites pour des Russes!]. D'autre part, des soupçons pèsent déjà sur Luis Jordan Peña, qui est connu pour démasquer les "impostures" des parapsychologues. On a remarqué qu'il est l'auteur de dessins d'un graphisme identique à ceux des lettres ummites, et en plus il est photographe amateur disposant d'un laboratoire à son domicile. [Peña est très observateur et a un bon coup de crayon, ce qui va souvent de pair. Bien que la comparaison des dessins soit de peu d'enseignement objectif, elle ne vaudrait que si on comparait des dessins publiés avant 1966 par Peña. Je n'ai pas réussi à m'en procurer et rien n'indique qu'il en existe. En revanche, l'imitation en dessin est quelque chose d'assez facile pour les gens doués. L'argument ne saurait être démonstratif, car il a porté sur quelques dessins, publiés en 1989 (Revue espagnole de Parapsychologie), donc très postérieurs à 1967.] Plusieurs autres réunions ont lieu au cours des années 70-80, dont la plus intéressante à signaler est celle de 1985, à Madrid. Jean-Pierre Petit, qui s'intéresse déjà depuis 1975 aux lettres ummites (et n'a pas été découragé par la découverte des trucages photo en 1977) [il a bien fait, car il avait probablement compris tout ce que l'argumentation de Poher a de décalé, mais cette "bataille" ne l'intéressait pas] a participé à ce symposium particulièrement insolite, qu'il a raconté dans son livre Enquête sur des extraterrestres qui sont déjà parmi nous, publié avec un grand succès en 1991. Citons exactement son récit:
"Les quatre principaux contactés, Farriols, Dominguez, Aguirre et Barranechea, déclaraient conjointement, vingt-cinq ans après la réception des premiers documents, qu'ils n'avaient jamais cru à leur origine extra-terrestre. Or, nous savions pertinemment que ce n'était pas vrai. Cette lecture eut un effet immédiat. A la pause, la salle se vida aux trois quarts et beaucoup de gens partirent de méchante humeur en disant que c'était un scandale de les avoir abusés de la sorte pendant tant d'années" (Petit 1, pp 120 et 121).
[J'ai eu une explication savoureuse ultérieurement, un peu dure il est vrai, mais qui éclaire d'un autre point de vue. Les documents ummites invitent très souvent à l'étude sérieuse, contradictoire certes, mais sereine et objective, c'est-à-dire limitée aux seuls faits vérifiés ou jugés vérifiables, de leurs documents. Ce qui exclut a priori l'ufologie "de salon", où l'on est plus préoccupé du paraître et de certain étalage de "connaissances" techniques ou humaines, des derniers articles de mode ou de beaux bijoux. Ce type d'intérêt mobilise aussi, d'après les Ummites, une certaine catégorie de personnes plutôt désœuvrées, mais ne manquant pas de moyens, et que les composantes mondaines de la chose occupent. La déclaration reproduite ci-dessus n'aurait eu d'autre ambition que de "nettoyer" la salle des auditeurs "parasites" et non réellement intéressés. Objectif réalisé. Il faut reconnaître que cette explication est d'une logique et d'une simplicité déconcertantes.]
Et les militants de la cause, comment prirent-ils ce mauvais coup? Dans son deuxième livre sur Ummo, Petit cite une "explication" de Rafaël Farriols, selon lequel "les Ummites auraient alors cherché à restreindre le groupe de leurs "fidèles" pour mener une opération d'une essence différente, axée sur "l'information de l'âme collective terrestre par voie télépathique"" (Petit 2, p. 33). Mais, poursuit Petit, "l'expérience se révéla être globalement un échec. Les gens de Madrid vécurent tout cela très mal". Des contactés de la première heure, comme l'ingénieur Dominguez et le médecin Aguire, se retirèrent, ne comprenant plus rien à cette histoire. Même le dernier carré des fidèles entourant Farriols à Barcelone, tel Barranechea en 1991, se démantela, à la consternation de Farriols. [Petit est libre de donner sa version des faits. D'autres éléments sont intervenus dans la fin des années 80, en particulier une tentative supposée (je n'ai pas encore pu en valider la réalité écrite) d'escroquerie de Dominguez de la part de Peña qui cherchait du travail (automne 87). Dominguez est un ingénieur brillant, de formation dans l'optique. Il a été séduit par certains documents ummites et y a trouvé au moins une piste pour essayer de développer de la TV en 3D. Il a quitté un poste très important à la RENFE (SNCF espagnole) pour se lancer à son compte. Les résultats financiers n'ont pas été au bout du chemin. Titulaire aujourd'hui de plusieurs brevets dans ce domaine, il n'arrive pas à les commercialiser. Dominguez, déçu, a jeté le bébé (l'affaire Ummo) avec l'eau du bain (Peña). Barrenechea a imité Dominguez, car il l'a soutenu. Aguirre ne s'est pas retiré du tout. Vis-à-vis d'Ummo, il est cyclothymique: un jour il est un fanatique absolu, le lendemain il la renie.]
Que s'était-il passé? Avec une discipline admirable, les principaux animateurs avaient lu un courrier qu'ils venaient de recevoir, de nature à démolir leur groupe. C'était un coup très rude, désastreux même, pour la crédibilité de toute l'histoire ummite [voir l'autre explication possible, que j'ai donnée un peu plus haut]. Pour sa part, Petit se demanda "qui tirait les ficelles de cette histoire et pourquoi". Mais ce n'est pas tout. Il raconte aussi dans son livre que, la nuit dans sa chambre d'hôtel, il se réveilla complètement paralysé mais put apercevoir "des hommes en train de vaquer à je ne sais quelles opérations". Ils virent qu'il était réveillé et lui administrèrent une dose d'anesthétique qui lui sembla être du penthotal. Il se réveilla le lendemain avec une forte migraine et une douleur à l'urètre (Petit 1, pp. 121 et 122). [Pour la précision et le respect des données: la forte migraine est attribuée par Petit à son voisin de chambre, et la douleur urétrale à ses propres sensations. Pour une vérité complète, Petit prend bien la précaution de dire que cette scène peut très bien avoir été rêvée, alors qu'elle est présentée ici comme un fait reconnu… Pourquoi le simple report d'informations à partir d'une source est-il déjà déformé?… Comment prendre au sérieux un tel "travail"?...] Quel traitement avait-il subi? Il ne le sait pas.

Le site introuvable de La Javie
L'arrivée supposée des Ummites sur Terre était décrite dans des lettres de 1967. [Quatre lettres (D57) de janvier à juin 67.] La première expédition, en provenance de leur planète Ummo, était censée avoir débarqué clandestinement, le 24 mars 1950, près du village de La Javie, lui-même proche de la ville de Digne, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les Ummites donnaient des indications [à l'évidence insuffisantes, voire contradictoires] sur l'emplacement de l'atterrissage dans la montagne, où ils s'empressèrent de creuser un abri souterrain, et plusieurs équipes d'enquêteurs allèrent dans les montagnes entourant le village pour tenter de découvrir cet abri. C'était d'autant plus excitant que les Ummites disaient y avoir laissé une partie de leur équipement. Mais en vain. [Effectivement, car jamais aucun document ummite n'a donné d'élément direct de validation. Des éléments de crédibilité, oui, mais il manque toujours une information de "lien" qui donnerait l'accès à la validation complète. Tout est, selon moi, dans la "qualité" de la lecture des documents. L'absence de résultat positif des recherches à ce jour doit se limiter au simple constat. On ne saurait en déduire objectivement autre chose que notre incapacité.] Il était censé se trouver sur les contreforts de la montagne du Cheval blanc, d'où l'on voyait le clocher de la cathédrale de Digne [cette indication ainsi que la précédente, directement dérivée de Ribera, résulte d'une déformation et n'est pas conforme au contenu du document], mais ces indications n'étaient pas assez précises et ceux-ci tournèrent en rond.
Jacques Vallée raconte qu'il se rendit à La Javie en 1974, en compagnie d'Aimé Michel et de Fernand Lagarde. Le voyant américain (remote viewer) Pat Price croyait avoir localisé le lieu sur une carte, mais cela ne donna rien (Vallée 2, p. 130). [Quand on sait que Vallée cherchait une grotte, c'était déjà perdu d'avance! Entre nous, les Ummites, quels qu'ils soient, ont du bien rire en apprenant qu'un "grand scientifique français" a fait financer depuis les Etats-Unis une expédition en Europe sur les affirmations d'un voyant. Vous avez dit "paranormal"?] Des enquêteurs espagnols, après avoir vainement cherché sur cette montagne, dénoncèrent la supercherie de Ummo en 1981. [Voilà la démonstration de ce que peuvent être des conclusions abusives. S'ils n'ont pas trouvé d'emplacement convenable, ce résultat négatif ne saurait être la preuve que ce site n'existe pas ou n'a pas existé, et encore moins que Ummo est une supercherie. C'est comme si, cherchant votre père et ne le trouvant pas, j'en déduisais que vous n'avez jamais eu d'ancêtres! Pas très sérieux!] Claude Poher étudia lui aussi le site. Les Ummites avaient donné deux distances: à 13 km de Digne et à 8 km de La Javie, et cela correspondait au Col de la Cine, mais de là on ne voyait pas le clocher de la cathédrale de Digne!
Jean-Pierre Petit fit plusieurs expéditions, au sommet de la Pompe, puis à la crête de La Blache, sans succès non plus. Bref, personne n'a jamais pu trouver ce site mythique.
[Effectivement, mais les recherches ne sont pas abandonnées. Seul un résultat positif sera probant, encore qu'il sera toujours discutable par les sceptiques. La véritable preuve ne pourra venir que des Ummites eux-mêmes, mais pas "d'aveux" invérifiables d'un quelconque humain de la Terre en mal d'effet médiatique. D'autre part, comme je l'ai montré, même si ce site est une pure invention ummite, cela ne démontre pas que les Ummites sont ou non extraterrestres!]
Certains enquêteurs pensent avoir remarqué des éléments curieux à proximité de La Javie, notamment une route et une ligne électrique sans utilité apparente, mais le lien avec un éventuel site extraterrestre ne semble pas établi de manière évidente. En fait, la ligne électrique relie au réseau une petite usine hydroélectrique. En revanche, on sait que Claude Poher et le GEPAN ont bien enquêté sur les lieux avec l'aide des gendarmes, obtenant même de l'armée de l'Air une photo aérienne de la région. [Non! Ces recherches sont antérieures à la création du GEPAN, voir l'article de Poher (Poher-2). Claude Poher avait en mains des arguments assez solides pour effectivement obtenir la mobilisation de moyens officiels, mais le GEPAN n'existait pas encore (création datée du 01-05-1977).] Quant au récit de l'expédition, il vaut son pesant d'or à lui tout seul, et nous allons y revenir plus loin en évoquant les lettres ummites.

Un intermède russe: Voronej, 1989
Glissons rapidement sur l'épisode de Voronej, en Russie. En septembre 1989, des enfants auraient vu se poser un ovni sur lequel apparaissait le symbole de Ummo. L'incident est annoncé dans la presse en octobre et fait quelque bruit, ce qui conduit Martine Castello et Jacques Vallée à enquêter à Moscou, en janvier 1990. Ils y rencontrent des ufologues de la région de Voronej qui semblent convaincus de l'authenticité du cas (Castello 1, chap. 10). Mais selon l'ufologue russe Boris Chourinov, qui avait participé à l'entretien, le dessin du symbole Ummo était déjà connu des ufologues russes à cette époque, et l'un d'eux l'avait montré au garçon qui avait fait le dessin. En fait, explique Chourinov, c'est toute l'affaire de Voronej qui est elle-même douteuse (Chourinov 1, chap. 19, p. 202). [La seule chose que l'on puisse dire, c'est que le survol ostentatoire de Voronej est revendiqué dans au moins deux lettres ummites (D1751, dite lettre du Golfe reçue le 14 janvier 1991 et D1492, reçue le 14-2-1990) dont j'ai les moyens de démontrer qu'elles sont de la source originale.]

En 1991, l'affaire relancée en France
En France tout au moins, l'affaire Ummo a connu un certain retentissement médiatique avec la publication du premier livre de Jean-Pierre Petit en 1991, ainsi que du livre de Martine Castello, La conspiration des étoiles, succès qui provoqua la réédition du livre d'Antonio Ribera, Ummo, le langage extraterrestre. Mais, si l'affaire Ummo devint importante dans le petit monde ufologique français, il faut bien voir qu'elle ne fit que renforcer le scepticisme ambiant sur les ovnis, dans le monde scientifique et intellectuel. Ce point est sans doute important pour tenter de comprendre la signification de cette histoire. Je vais y revenir, mais terminons ce rapide rappel des événements. Alors que, en Espagne et en Italie, les ufologues étaient de plus en plus sceptiques sur cette affaire, sans parler des autres pays qui l'ignorent complètement, elle fut entretenue en France par Jean-Pierre Petit, avec un second livre en 1995, et de nombreux articles, où il a même révélé qu'il recevait encore des lettres ummites. Elle reste encore très présente sur plusieurs sites internet. [C'est probablement ce qui est le plus attristant, car les données "publiées" sur Internet sont incomplètes et souvent parsemées de fautes de recopie ou de traduction. Certains sites pourraient d'ailleurs être discrètement désinformateurs et subventionnés, servant d'appât pour collecter des infos et sonder l'intérêt ufologique de la population pour la question…] Tentons maintenant de résumer quelques-unes des critiques qui peuvent être faites sur les affirmations et "révélations" contenues dans ces centaines de pages de lettres ummites.
Les lettres ummites: quelques critiques
Nombreux sont ceux qui soulignent l'intérêt des lettres ummites, quelle que soit leur origine véritable. En dépit de lourdeurs et de maladresses, elles touchent à de nombreux domaines et contiennent beaucoup d'idées, de nature scientifique ou même philosophique. Il ne s'agit pas de le nier, mais de rappeler ici quelques unes des nombreuses critiques qui se sont accumulées, et qui mettent en doute l'éventuelle origine extraterrestre de ces textes. Le fait est qu'ils contiennent de nombreuses invraisemblances, au point que l'argument souvent mis en avant que ces erreurs sont intentionnelles paraît largement insuffisant pour les expliquer.
[Etant moi-même scientifique, j'ai réfléchi au problème et je pense que nous pêchons par orgueil, tout simplement. Nous sommes en effet dans une situation sans précédent. Nous cherchons des preuves d'une origine incontestable de ces documents. D'autre part, les auteurs affirment être très en avance en développement sur nous, un peu comme si nous étions des savants du 16ème siècle et eux du 21ème siècle. Voir le Principe d'évolution des Connaissances, en début d'article. Devant le décalage historique des cultures, nous nous devons d'avoir l'humilité de relativiser nos connaissances. Nous n'avons logiquement pas le droit d'exclure à partir de nos constats expérimentaux actuels.
C'est pourquoi le fait de contenir des "invraisemblances" n'est pas un argument, car jamais une démonstration d'impossibilité ne sera probante: elle sera seulement le témoin d'une époque. Les seules démonstrations probantes sont les vérifications positives. Ce n'est pas une raison pour affirmer que les Ummites sont des extraterrestres, car la preuve doit être positive. Un décalage historique culturel valablement constaté induit évidemment la forte probabilité de provenance extra-terrestre.
Les "invraisemblances" en question ne sont pas si nombreuses que cela. D'ailleurs en sont-elles vraiment? Il est certain que les auteurs ont affirmé à plusieurs reprises leur droit à introduire de fausses données ou des incohérences de nature à décrédibiliser leurs écrits. L'argument est qu'une trop grande crédibilisation de leurs écrits (en termes de population et de diffusion médiatique) entraînerait un immense bouleversement de nos cultures et le chaos sur la Terre.]
Quant à l'argument selon lequel les lettres contiennent des données scientifiques complètement originales, inconnues à l'époque, il semble bien court lui aussi.
La distance très variable de leur étoile
Selon Jacques Vallée, une lettre ummite de janvier 1965 (cette date paraît pour le moins incertaine) révélait l'identité et la distance de l'étoile Iumma par rapport au Soleil: c'était l'étoile Wolf 424, située à 3,68502 années-lumière du Soleil, à la date du 4 janvier 1953. Là, nous nous heurtons à un gros problème, car si cette distance était bien celle que donnaient les catalogues astronomiques depuis 1938 [super étonnante affirmation. Référence bibliographique, svp?], elle avait été révisée à la hausse, étant maintenant estimée par les astronomes à 14,3 années-lumière. Fernando Sesma leur signala l'erreur, sur quoi les Ummites lui répondirent qu'ils avaient donné la "vraie distance", qui "varie grandement d'un jour à l'autre d'après les concepts d'espace-temps découverts par Ummo" (Vallée 1, p. 126). On trouve en effet le paragraphe suivant dans la lettre qui annonce l'arrivée des nefs ummites, fin mai 1967:
"Distance de Iumma au Soleil - Distance apparente que suivrait un quantum énergétique d'un faisceau cohérent d'ondes dans l'Espace de trois dimensions. Mesurée par nous le 4 janvier 1955: 14,436954 années lumière.
"La distance réelle Mesurée dans le Cadre tridimensionnel [symbole ummite] à cette même date durant le Plissement [autre symbole ummite] 40 [autre symbole ummite] 45/77/76: 3,68482 années lumière terrestres" (Ribera 5, p. 103).
[La distance de 3,68502 années-lumière mesurée le 4 janvier 1955 est donnée dans un document (fraction du D41) non daté et sans destinataire (probablement que la ou les premières pages ont été détruites ou perdues). Un autre document, le D60, reçu par Fernando Sesma le 25 mai 1967 (celui de l'annonce d'un atterrissage au sud de Madrid) nous donne deux "mesures" faites le 4 janvier 1955: celle de notre univers sensoriel, soit 14,436954 et celle déclarée "réelle" par les Ummites, mesurée dans un autre cadre tridimensionnel et qui vaut 3,68482 années lumière (c'est l'extrait qui précède). Contradiction? Au plan littéraire, oui, et c'est peut-être le point de vue de l'auteur. Scientifiquement, nous sommes dans l'incapacité de l'affirmer. Voir les explications précédentes sur le décalage culturel. En effet, dans la théorie ummite, le concept de "distance" n'est pas le même que le nôtre. Il est tel que la valeur n'est pas indépendante de l'univers (le cadre tridimensionnel) de mesure. Or, dans le document non daté, l'univers de mesure n'est pas indiqué, ce qui pourrait justifier la différence de 0,0002 années lumière (2/10.000è) entre les 2 distances "vraies" en supposant les mesures dans des univers distincts. Cette différence correspond à 53 "minutes lumière", soit environ 6 fois et demie la distance moyenne Terre-Soleil, que nous appelons l'Unité Astronomique. Compte tenu de la faiblesse de l'écart (et aucune marge d'erreur n'est indiquée), une autre explication est possible. La capacité à voyager fait intervenir des "plissements extracosmologiques" qui font varier les distances. Le phénomène peut être puissant. C'est-à-dire que dans une même journée, et dans le même univers (cadre tridimensionnel de mesure) on peut obtenir des valeurs différentes. De peu probablement, mais mesurables.
Plus généralement, cette information possible est tout à fait dans la manière des documents: pour accéder à l'information finale, il a fallu comparer les données de 2 documents (on remarquera la présence de la date de la mesure qui ne s'imposait pas, mais sans sa présence, aucune comparaison n'aurait été possible) et rapprocher l'"anomalie" du contenu d'un troisième document. L'ensemble est ici encore en très bonne cohérence, mais pas avec le point de vue de notre science actuelle.
Quant aux informations de Jacques Vallée, on constate tout bonnement l'amalgame affabulé: aucun élément de traçabilité de ses sources n'est fourni. La valeur de la distance est bonne et la date est bonne au jour près, mais pas au quantième de l'année (le 4 janvier, mais 53 au lieu de 55!): faute de recopie probable, trahissant l'absence de contrôle.
Un dernier point: l'affirmation d'une distance évaluée dans les catalogues astronomiques de la Terre à 3,685 années lumière en 1938 est proprement grotesque. En effet, c'est cette année là que les premières observations de son caractère binaire ont été faites (voir site Internet de Alain Ranguis). Si cette affirmation était vraie, les astronomes n'auraient pas été capables de déceler, à moyens constants, une étoile double à 3,685 AL alors qu'ils l'auraient découverte, la même année à 14,4! En fait, Caudron a confirmé les bonnes données sur le forum internet fr.sci.astronautique le mardi 12 février en réponse à la question "j'aimerais bien qu'on me dise ce qu'a cette étoile Wolf ??? de spécial?"
>Ce qu'elle a de spécial, c'est qu'en juin 1938, une fausse information >venue de l'observatoire Yerkes l'a fait passer pour l'étoile la plus proche >de nous. L'Etoile Wolf 424 aurait eu une parallaxe de .89", ce qui la >plaçait à 3.68 A.L
>(voir Pierre Rousseau, L'exploration de ciel, Hachette 1939, p 87. >L'erreur a été corrigée dans les éditions suivantes).
>En réalité ce n'était pas la parallaxe, mais la distance angulaire des >deux composantes. Aucune mesure de parallaxe ne fut faite avant >1952. Après quoi, l'étoile figura bien dans le catalogue des étoiles >proches, mais à 14.3 A.L (voir l'Astronomie, mai 1954, p 91).
L'information diffusée par l'observatoire de Yerkes était donc fausse!]
Ainsi, selon les Ummites, les deux distances étaient bonnes! Une "explication" qui tombait bien, extrêmement ésotérique, mais qui devrait mettre la puce à l'oreille de tous les lecteurs scientifiques des lettres ummites. Sans rien savoir de l'astronomie spatio-temporelle, version ummite [ce serait pourtant fort utile pour en parler convenablement!], on peut se demander comment la première estimation des astronomes terriens, proposée en 1938 par l'observatoire de Yerkes (Caudron 1, p. 193) avait pu coïncider aussi remarquablement avec la distance due à un "plissement" de l'espace-temps selon les Ummites, à la date de janvier 1953 ou 1955 et non pas de 1938. Quelle extraordinaire coïncidence!
[Que vaut maintenant cette ironie, à la lecture de l'extrait de la lettre D32, reçue par Fernando Sesma le 18 mars 1966: "Nous n'avons sans doute pas la certitude qu'il s'agit de cette même étoile, même si les caractéristiques et la position enregistrées par quelques Observatoires de la Terre coïncident de manière surprenante avec nos propres données, dans d'autres tables, nous notons des différences sérieuses pour l'étoile WOLF 424 (voir les éléments de l'Observatoire de YERKES qui enregistre WOLF 424 comme une Etoile Naine proche de la constellation de la Vierge)". Vous avez bien lu que les mesures de Yerkes sont fortement contestées par les Ummites, et on comprend parfaitement pourquoi! L'auteur voudrait que les Ummites se soient servis des valeurs de Yerkes, rappelées par Caudron, pour construire leur "canular", tout en les dénigrant? Comme on le voit, les documents ummites sont un peu plus cohérents que cela…On notera au passage que l'identification à Wolf 424 n'est pas donnée comme certaine, contrairement à ce que tous les ufologues ont repris et diffusé.]
Récemment, certains ont fait le rapprochement entre cette théorie ummite des "plissements" de l'espace-temps et le modèle de l'univers "chiffonné", étudié par le physicien français Jean-Pierre Luminet. Celui-ci a fait un inventaire des diverses topologies théoriques de l'espace, concevables dans le cadre de la physique connue, et il a découvert la possibilité théorique que l'espace soit "chiffonné" au point de créer des images fantômes de lointaines galaxies. Cela pourrait-il expliquer cette énorme variation de distance de l'étoile Wolf, selon les Ummites? Dans son livre L'Univers chiffonné, Luminet, évoquant le ciel étoilé que nous pouvons voir à l'œil nu, écarte une telle possibilité: "…il n'est pas question que l'espace cosmique soit chiffonné sur une aussi petite taille, au point que les étoiles visibles à l'œil nu, toutes situées à moins de cent années-lumière de nous, se montrent en plusieurs exemplaires. Mais si l'on remplace les étoiles par des galaxies lointaines, notre expérience de pensée se justifie pleinement" (Luminet 1, p. 115). Ainsi, ses effets éventuels se situent à des milliards d'années-lumière.
[Toute théorie Terrienne, nécessairement compatible avec nos conceptions actuelles, celle de Monsieur Luminet comme les autres, sera presque toujours incompatible avec les indications des documents. Voir le principe d'évolution des connaissances, en début d'article. Le problème est simple. Ces gens (les auteurs, qui nous disent qu'ils s'appellent "Ummites") nous expliquent à longueur de lettres (pour qui veut bien les lire sérieusement, bien sûr) qu'ils ont une autre vision des choses, qu'ils essayent de nous faire percevoir, et ils ajoutent, pour nous aider à comprendre, qu'ils ont "un peu" (pour ne pas nous donner trop le vertige...) d'avance sur nous dans la connaissance. Rien de contestable jusque là. Alors de deux choses l'une, selon la logique Aristotélicienne: ou bien nous sommes persuadés que leurs affirmations sont fausses, en regard de nos connaissances (refus du principe d'évolution des connaissances) et nous déclarons ainsi définitivement que notre connaissance est absolue dans l'espace et dans le temps, puisque qu'elle est la référence de jugement (chacun appréciera si c'est sérieux et crédible), ce que j'appelle le niveau 1 (Cro-magnon de la science). Ou bien nous devons nous rendre à l'évidence: nous ne savons pas tout et devons rester humbles et conscients (pas forcément fascinés ni subjugués!) devant les affirmations des "autres" qui se disent plus avancés, ce que j'appelle le niveau 2. On remarquera au passage que jamais ils ne disent qu'ils savent tout, bien au contraire. C'est une question de prise de conscience et de relativisation. Une chance, pour nous, de prendre du recul et de gagner en niveau de conscience.]

L'étoile Wolf 424: deux naines brunes!
Les Ummites ont fait une autre erreur astronomique [on voit bien que le mode d'affirmation classe le jugement au niveau 1, archaïque], cette fois sur la nature de l'étoile Wolf 424 [je rappelle que l'identification n'est pas certaine]. Dans leurs premières lettres, ils la décrivent [leur étoile] comme une étoile de type K, autour de laquelle leur planète Ummo décrit une orbite presque circulaire, plus grosse que la Terre [restons sereins, heureusement que l'orbite est plus grosse que la Terre!] et permettant la vie. En fait, cette description ne correspond pas du tout aux observations astronomiques [Ah! bon? Parce qu'on a observé la planète Ummo et que ses paramètres ne sont pas ce qui en est dit? L'amalgame est un peu trop "raccourci"]. En premier lieu, l'étoile Wolf 424 a un éclat beaucoup trop faible et beaucoup trop rouge, et donc une température beaucoup trop faible, pour être leur étoile "Iumma". [Ce n'est que le constat de l'inadéquation possible de l'association Wolf 424-IUMMA. Inadéquation entre la qualité actuelle de nos mesures et les dires des Ummites, en se rappelant bien qu'ils n'excluent pas une autre identification. Quelle conclusion en tirer? Que tout débat contradictoire sur le sujet doit inévitablement déboucher sur un constat d'impuissance de notre part et donc que, pour nous, le doute subsiste. Ce qui est, me semble-t-il, très différent des condamnations sans appel qui courent à longueur de page du présent article...]
Dans une lettre reçue par Antonio Ribera en 1969, les Ummites se lancent dans une explication compliquée pour expliquer cette énorme différence: il y a un léger doute pour identifier l'étoile Wolf 424, "due à l'existence d'une accumulation de poussière cosmique très dense", pouvant atténuer beaucoup l'éclat apparent de l'étoile, ce qui crée des difficultés "difficiles à résoudre" (Ribera 5, pp. 46 et 47). Or, selon les astronomes, il n'y a pas de nuage de poussière important entre Wolf et le Soleil, ce qui fait que cette explication ressemble plutôt à un écran de fumée (Caudron 1, pp. 193 et 194). Certains continuent cependant à laisser cette porte ouverte: peut-être, se demandent-ils, la véritable étoile Iumma est-elle cachée derrière un nuage interstellaire, non loin de Wolf 424 et à la même distance qu'elle du Soleil? (voir site internet de Alain Ranguis). En attendant une aussi miraculeuse découverte, on peut se demander pourquoi les Ummites, en dépit de leur science si avancée, avaient pourtant désigné dans leurs premières lettres l'étoile Wolf 424. Peut-on se permettre de se tromper ainsi d'étoile quand on pratique la navigation interstellaire? [Au nom de quoi l'auteur se sent-il juge de la vérité? Au nom de quoi peut-il décider des motivations d'autres êtres, fûssent-ils d'origine extraterrestre? A-t-il la moindre idée de ce que peut-être la localisation interstellaire, quand on sait que tout est en mouvement et bouge, et quand on sait que sur Terre les données d'accès, la progression vers à la vérité sont "interdites" aux non-professionnels? Il devrait relire Alain Ranguis à ce sujet. Au nom de quoi, sa vérité est-elle plus acceptable que celle des autres? C'est au nom de vérités de ce genre que Galilée a dû se renier, que Giordano Bruno a été brûlé, etc...? Comment peut-on en être encore fier? L'histoire des sciences devrait nous inciter à plus réfléchir…]
Plus sérieusement, on savait depuis de nombreuses années que Wolf 424 est une étoile double, ce que n'avaient pas dit, d'ailleurs, les lettres ummites. Plus récemment, grâce au télescope spatial Hubble, les astronomes ont pu déterminer qu'il s'agissait de naines brunes très proches l'une de l'autre (deux fois la distance Terre-Soleil). Leur masse totale est très faible - 4,2 % de celle du Soleil - et leur rayonnement est non moins faible, ne permettant pas l'existence d'une planète favorable à la vie (voir site internet Ufocom, "Wolf 424 est-elle Iumma?"). Bref c'est un démenti fort embarrassant qui a été ainsi opposé aux lettres ummites.
[C'est un problème de position de l'esprit scientifique, ou encore d'"épistémologie". Jusqu'à ces documents, le problème de l'antériorité culturelle possible (des acquis plus vastes et plus profonds ou plus proches de la vérité, parce que plus anciens) n'a jamais été posé. A nous de ne pas faire le mauvais choix. Nous sommes ici face à une conclusion, celle de l'auteur, parfaitement non étayée. Les faits sont objectivement exposés, mais la conclusion est sans lien logique scientifique (comme pour Claude Poher. Mais lui, c'était à son corps défendant). La seule conclusion logiquement et scientifiquement acceptable est: il y a incompatibilité entre nos observations (avec la qualité qu'elles ont aujourd'hui) et les propositions (car, à propos de Wolf 424, ce ne sont pas des affirmations!) des lettres ummites. Il ne faut pas se voiler la face, effectivement. L'analyse de ces documents doit procéder de l'examen froid, sans idée préconçue.., et dans la conscience permanente d'une relativité possible de nos connaissances.]

Le problème de leur ressemblance physique avec nous
Si l'on en croit leurs lettres, les Ummites nous ressemblent beaucoup - on ne les remarquerait pas dans la rue - et leur physiologie est très proche de la nôtre, à quelques détails près. Un détail plutôt comique est qu'ils deviennent aphones "vers l'âge de 16 ans terrestres" (Ribera 2, p. 89). [Et en quoi la chose est-elle comique? Sur Terre, les garçons sont aussi les "victimes" d'un phénomène vocal à la puberté. Est-il pour autant comique?] C'est typiquement le genre de détail qui devrait éveiller les soupçons, tant il semble destiné à faire rire. Cela dit, nombreux sont ceux qui considèrent cette grande ressemblance comme invraisemblable.
En premier lieu, elle suppose que l'évolution de la vie sur la planète Ummo ait été, au cours de plusieurs milliards d'années, quasiment identique à la nôtre, et quasiment synchrone dans le temps [ce qui reste à démontrer, car quelle expérience pratique en avons-nous?]. Cela paraît a priori impossible [et au nom de quels raisonnements?], mais essayons de creuser un peu l'idée. On connaît le phénomène de la "convergence des formes", observée sur Terre, qui devrait favoriser la forme "humanoïde", la plus apte au développement d'une civilisation avancée: un tronc, une tête avec cerveau et organes sensoriels, des membres pour se déplacer et fabriquer. Mais cela ne signifie pas que l'anatomie interne et la physiologie soient forcément identiques! [L'auteur devrait lire les documents en détail, car l'anatomie interne, justement peut être effectivement assez différente. Ce sont les "gros" détails. Ses fonctionnalités aussi, ce que revendiquent les Ummites.] Les dauphins et les requins, d'apparence semblable, sont des animaux très différents [le dauphin est un mammifère alors que le requin est un poisson. Cette observation conforte l'idée que l'apparence ne fait pas tout, comme le soutiennent les Ummites à leur propos!]. En revanche, l'idée de panspermie continue à avoir des partisans. Si elle était vraie, il se pourrait que l'ADN que nous connaissons soit répandu dans le cosmos. Cependant, cela n'implique pas forcément que des êtres semblables à nous existent ailleurs, car l'histoire de la vie sur Terre montre qu'elle évolue dans toutes les directions et que le hasard y joue un grand rôle.
Une autre hypothèse, que connaissent bien les ufologues, est celle d'interventions extraterrestres dans notre propre évolution, qui nous auraient plus ou moins modelés "à leur image" par des manipulations génétiques. Mais ce scénario, faut-il le souligner, n'a rien à voir avec celui du débarquement d'une petite équipe d'explorateurs ummites, en 1950 à La Javie, qui avaient ["eurent" est le reflet de la réalité. Ne généralisons pas, M. l'auteur, car la chose n'a été rapportée qu'une fois!] du mal à distinguer le sexe des humains! [Auriez-vous mieux fait, dans l'obscurité, face à un couple endormi, homme et femme à cheveux courts, dont seules les têtes dépassent des étoffes qui les recouvrent?] L'hypothèse selon laquelle nous serions "apparentés" à des êtres venus d'ailleurs est une tout autre histoire. Sans insister davantage, disons ici que l'idée de "voisins" très semblables à nous par hasard est hautement problématique.
Une solution à ce mystère a bien été proposée par certains, qui semble s'inspirer d'une théorie très spéculative, celle du champ "morphogénétique" du biologiste britannique Rupert Sheldrake, issue elle-même d'idées qui remontent aux années 20 (Sheldrake 1 et 2). Selon lui, la vie se répand et se copie à distance grâce à une sorte de champ vital qui transmet les informations: cela pourrait-il expliquer que les Ummites, censés être proches de nous dans l'espace et le temps, nous soient si semblables? Mais cette hypothèse soulève aussitôt un autre problème, celui des nombreux témoignages de rencontres rapprochées, sans parler des enlèvements, qui nous décrivent une foule bigarrée d'êtres humanoïdes très dissemblables, dont certains, au moins, seraient en provenance d'étoiles "proches". Ces êtres si différents viennent-ils de si loin qu'ils ont échappé à l'heureuse influence d'un champ morphogénétique "local"? Là, nous nous enfonçons dans des spéculations de plus en plus fragiles. [C'est pourquoi il eût été sage de ne pas en faire la moindre mention. Scientifiquement, c'est de la spéculation pure. Vis-à-vis du dossier Ummo, une réponse autrement étayée est dans les documents.]

Le problème de la découverte de la Terre
Le récit de la découverte de la civilisation humaine par la réception d'une émission radio est tout aussi suspect. Dans une lettre de 1967, les Ummites racontent qu'ils ont capté des messages radio [non! un seul] émis par un navire norvégien, qui faisait des essais de transmission en morse entre le 4 et le 8 février 1934 sur une fréquence de 413.43877 MHz. Il paraît hautement improbable qu'ils aient pu capter, par hasard, une telle émission, de faible puissance et non dirigée. Sans qu'il soit nécessaire de citer des chiffres, on sait bien que tous les espoirs actuels de capter des messages extraterrestres supposent que les émissions, s'il y en a, soient dirigées vers nous avec précision, avec une forte puissance, au bon moment, et sur la bonne fréquence d'écoute. [Cela, ce sont nos convictions actuelles, qui sont le reflet de notre savoir. Qui dit qu'il n'y a pas mieux? Nous sommes en plein syndrome de niveau 1: les Terriens savent tout, et mieux que les autres! Les "autres" sont forcément des idiots et des menteurs, par surcroît!] Et encore faut-il de puissants radiotélescopes, braqués dans la bonne direction et au bon moment, pour avoir la moindre chance de les capter. Jean Heidmann, le pionnier français de telles écoutes, a toujours admis que les chances de réussir étaient extrêmement minces. Sur le seul problème de la fréquence, Heidmann observe, dans son livre Intelligences extraterrestres, que la "fenêtre SETI (de 1 à 10 GHz) contient cent milliards de canaux (de 0,1 Hz) de communication possibles"! (Heidmann 1, p. 149).
Dans le même ordre d'idée, on peut aussi se demander comment il se fait que ces extraterrestres "voisins" [pardon pour les 14,4 années lumière!], en avance sur nous de milliers d'années et capables de franchir la distance qui nous sépare en quelques mois, n'aient découvert notre existence qu'au milieu du 20eme siècle [quelle magnifique contradiction avec le paragraphe précédent. Une réflexion simple suffit: tout le monde comprendra qu'auparavant, la mise au point de la radio "de puissance" n'étant pas encore acquise, la Terre n'avait tout simplement rien émis qui puisse être détecté aussi loin. Un peu de réflexion, simple, aurait évité ce questionnement "léger"!]. N'avaient-ils pas un programme d'exploration des étoiles proches semblables à la leur, au besoin avec des sondes automatiques, comme nous savons déjà le faire pour les planètes du système solaire?
[La réponse est dans le début du D57. Ces programmes sont dignes des civilisations "en voie de développement", comme celle de la Terre! Et cesseront très vite, face aux moyens nécessaires! Le programme d'écoute ummite a été très efficace. L'auteur est en train de comparer
-l'exploration du système solaire (nous ne savons encore pas grand chose de Mars, et encore moins des quelques rares autres planètes plus lointaines, mais nous savons où elles sont!) qui met en jeu quelque sondes par an (et nous n'avons pas fini de pleurer sur les budgets)
-avec des explorations "pifométriques" (puisque sans écoutes préalables, selon son hypothèse!) à l'échelle des étoiles proches, ce qui implique une dispersion au cube dimensionnel, mais sur l'ensemble de l'espace, soit 4_ stéradians.]

La nef ummite: une boîte à sardines!
La description du véhicule spatial des Ummites est l'un des éléments qui m'ont toujours fait craindre le canular dans cette affaire Ummo. Laissons de côté pour l'instant la théorie de l'univers jumeau d'antimatière, qui permettrait de "raccourcir" à six mois ou moins le voyage des Ummites, et voyons un peu la "quincaillerie". Cette nef ummite est décrite avec beaucoup de détails dans une longue lettre de 43 feuillets, reçue par l'ingénieur Villagrasa le 9 janvier 1968. Celle-ci figure dans le livre d'Antonio Ribera Les Extra-Terrestres sont-ils parmi nous? (Ribera 5, pp 124 à 181). C'est là que Jean-Pierre Petit va trouver plus tard l'idée de la propulsion MHD.
La première chose qui frappe, c'est la petitesse de la nef ummite: 13,20 m de diamètre et 4,80 m d'épaisseur (Ribera 5, p. 105). Tout doit tenir dans ce faible volume: les systèmes de propulsion, de navigation, les réserves d'énergie, d'oxygène et de vivres, et surtout l'habitacle dans lequel vont vivre une douzaine d'hommes pendant six mois: une vraie boîte à sardines! [Vis-à-vis de nos conceptions, c'est sûr! je pose seulement une question: la capsule Mercury (2 orbites terrestres à basse altitude en 1962) n'était-elle pas une boîte à sardines en regard de l'ISS en 2002?. Et pourtant il n'y a que 40 ans d'écart en développement d'une civilisation balbutiante en matière cosmique. Que dire de progrès autorisés par une autre approche logique de la vérité et des milliers d'années de décalage ou plus?]. La comparaison s'impose d'autant plus que, lors des phases d'accélération et de décélération, les passagers revêtent un scaphandre et flottent dans une "gelée tixantropique" (en fait, thixotropique) qui les protège de l'accélération (Petit 1, p. 17). En dehors des périodes d'accélération, la gelée est refoulée hors de l'habitacle, lequel est en forme toroïdale et tourne sur lui même de manière à créer une légère pesanteur artificielle (elle doit être bien légère, vu les dimensions modestes de l'habitacle) [cette affirmation est absurde, puisque la vitesse de rotation joue aussi un rôle. Cela dit, cette présentation à connotation négative ne tient absolument pas compte de tous les avantages du système, superbement efficace sur le papier. Je gage que plusieurs services spécialisés doivent travailler d'arrache-pied dans l'ombre pour réaliser un tel système dont on peut d'ores et déjà assurer qu'il autorise le support par l'homme d'accélérations proches de 100 G, inaccessibles autrement.]. Leur scaphandre crée aussi une "réalité virtuelle", plus confortable que ce cauchemar de claustrophobe. Dans cet environnement artificiel, explique Jean-Pierre Petit, "Les passagers seraient nourris par la bouche, à l'aide d'un petit tube. La défécation ne poserait aucun problème. Une capsule serait introduite dans l'anus qui transmuterait automatiquement les fèces en hélium" (Petit 2, pp. 95 et 96). Notons que la transmutation des éléments, qui se fait chez nous dans de lourdes piles atomiques dégageant de dangereuses radiations dont il faut se protéger par d'épais blindages, semble être un jeu d'enfant sans danger pour les Ummites [telle est en effet la description des documents, en "un tout petit peu" moins provocateur. Je repose la question: au nom de quel principe, sinon ceux du niveau 1, avons-nous le droit de contester les affirmations de ces documents? Cette attitude de dénigrement systématique va bien au-delà du doute simple et formel, mais chacun est libre de sa pensée et de son mode d'expression…]. En revanche, la nef ummite, par ses dimensions exiguës, ressemble plus à nos premiers véhicules spatiaux qu'à un puissant astronef capable de parcourir d'immenses espaces interstellaires. [Avec les schémas mentaux diffusés par la science-fiction et les séries télévisées en ce début de 21ème siècle sur la Terre, cela peut paraître vrai. Prenons un peu de recul…]

Le débarquement sur Terre
Curieusement, la lettre racontant l'arrivée sur Terre ne figure pas dans le livre de Ribera Les Extraterrestres sont-ils parmi nous?, consacré pourtant à la présentation des textes ummites. [Pourquoi "curieusement"? Cela induit une suspicion gratuite. Antonio Ribera était libre, me semble-t-il, de publier ce qu'il voulait de documents, non? Il y en a plus de 1000 pages…!] Mais elle est citée largement par Jean-Pierre Petit dans ses deux livres, notamment dans Le mystère des Ummites (Petit 2, pp. 153 à 165). Elle est donc assez connue en France, ce qui permet d'être bref.
Il n'est pas nécessaire d'avoir une haute compétence scientifique pour être sceptique sur certaines affirmations contenues dans cette lettre. Par exemple, il est pour le moins étonnant que leurs équipements ne leur permettent pas de décoder les ondes de télévision (Petit 2, p. 160). En revanche, ils n'ont aucun mal à se creuser un abri, long de 4 mètres à une profondeur de 8 mètres, dès leur arrivée la nuit dans la montagne. Rien de plus facile pour les Ummites : ils fondent la roche et la transmutent en azote et en oxygène! (Petit 2, p. 159) [L'explication donnée par le document est très cohérente. Il est probable que l'auteur du présent article ne l'a pas lu, et n'en connaît que le passage cité ou évoqué par JP Petit.] Mais surtout, leur récit est émaillé de détails comiques dignes des Marx Brothers, comme le reconnaît d'ailleurs Petit lui-même. [Le procédé narratif est mensonger. Il faut être rigoureux: l'expression est de Petit lui-même, et l'auteur de cet article la lui emprunte, ce qui enlève toute possibilité de connotation de confirmation ou de reconnaissance.]
On apprend que les Ummites avaient d'abord survolé plusieurs régions. Leurs premières photographies, prises à la verticale de la ville suisse de Montreux, étaient un peu floues (les satellites espions d'aujourd'hui semblent faire mieux) mais elles permirent d'établir la différenciation des sexes, "sur la base de la présence, chez certains individus, de mamelles importantes. Les images n'étaient pas suffisamment bonnes pour donner des détails de l'habillement. Nous découvrîmes cependant la corrélation existant entre le sexe et les cheveux, "les femmes ayant une pilosité crânienne plus abondante"" (Petit 2, p. 155). Or nous apprenons ailleurs que, lorsqu'ils firent un raid sur une ferme et anesthésièrent leurs occupants, ils ne purent déterminer leur sexe, "bien que sachant déjà que sur Terre les femmes se laissaient pousser les cheveux" (Petit 1, p. 33). [Nous avons encore ici un exemple des "à peu près ufologiques" et de l'exploitation ultérieure de ceux-ci à des fins misérables. Le texte (D57 reçu par Enrique Villagrasa le 26/6/67) dit exactement: "Sur un grabat dormaient deux Terriens sous l'effet du gaz anesthésiant, nos frères ne purent pas bien identifier le sexe au début, bien qu'ils savaient déjà que sur Terre les YIE laissaient pousser leurs cheveux". Ils étaient dans l'obscurité et la femme avait probablement les cheveux courts, c'est tout, et ça ne mérite tout simplement pas une phrase ou un paragraphe de discrédit systématique. Les "Ummites" ont découvert, rapidement, à cette occasion, à quel point le comportement des Terriens pouvait être illogique et chaotique.] Un peu sous-doués, par moments, ces Ummites. Dans le même genre, ils ont beau analyser la composition chimique du morceau de savon qu'ils ont volé, ils n'arrivent pas à en déterminer l'usage. Ignorent-ils les propriétés remarquables de cette molécule simple que connaissaient les Gaulois il y a 2000 ans? Et pourtant, on apprend dans d'autres lettres, consacrées à la vie ummite, qu'ils sont obsédés par l'hygiène et la propreté. De même, ils découvrent près de leur campement une feuille de papier journal souillée, qu'ils examinent dans leur laboratoire, et ils ne comprennent pas à quoi elle a bien pu servir. [Ce texte de l'auteur est décidément débile. J'aimerais qu'il nous donne la formule de cette "molécule simple" qu'est d'après lui le savon. On peut légitimement se demander s'il sait seulement ce qu'est une molécule? Le savon n'est pas une molécule. Tout au plus une matière, savant mélange d'un nombre effarant de molécules plus ou moins actives et différentes, certainement pas simples, esters saponifiés, et fait en partie à partir d'os animaux (pour la glycérine).]
La liste des objets volés dans la ferme est digne des Pieds Nickelés [Quel triste commentaire sur la diversité des objets disponibles dans une ferme française des années 50!]. On y trouve notamment un "hygromètre représentant une religieuse" (Petit 1, p. 33. Notons au passage que, dans son second livre, Petit cite, page 163, "un hygromètre représentant la Sainte Vierge": traduction plus précise?). [L'auteur ne démonte pas le dossier Ummo ici, mais la qualité de traduction des ufologues et commentateurs. Dont il est au premier chef. Le véritable texte dit "un hygromètre représentant une nonne (ou une religieuse (monja, en espagnol))".] On y trouve un "quinquet", qui est une lampe à huile. Une curieuse antiquité, pour des extraterrestres qui semblent capables de transmuter les éléments aussi facilement que nous cuisons un œuf. [L'explication qui s'impose est probablement trop simple et logique: il paraît évident que c'est justement parce que l'objet est très insolite qu'il a été emporté.] Plus moderne était le compteur électrique, volé également, qui a été ensuite monté en épingle par les enquêteurs lorsqu'ils ont découvert qu'il y avait eu en effet à cette date un vol de compteur électrique dans une ferme du coin! Malheureusement, il est toujours possible, dans une opération habilement montée, d'introduire un tel détail "qui fait vrai". [L'auteur reprend sottement ici la thèse non moins sotte de Jacques Vallée. Rien n'indique qu'il a seulement réfléchi au caractère insolite de ce vol: un compteur électrique est un appareil posé "gratuitement" par la compagnie qui fournit l'électricité, parce que c'est son outil de mesure. C'est donc un appareil sans valeur négociable. Tout Terrien, à moins d'être demeuré, le sait. Quel voleur pourrait s'y intéresser? Par ailleurs, il vaut mieux être très prudent lors de l'enlèvement, car c'est un coup à s'électrocuter, tout le monde "ici" le sait!. De plus, la pratique du vol des compteurs électriques est-elle commune? Par ailleurs, la théorie du coup construit est invraisemblable: il aurait fallu "inventer" et faire enregistrer la plainte pour vol du compteur le 25 avril 1950, dans l'espoir d'une possible enquête, faite par Claude Poher ou un autre, presque 25 ans plus tard! Vachement prévoyants, les supposés "faux extraterrestres" de l'auteur! Voilà un exemple de réflexion possible devant des données insolites, et qui semble pourtant accessible à tout le monde!] Incidemment, il paraît qu'à La Javie résidait une riche famille de la noblesse espagnole. Mais il ne semble pas que l'on ait creusé cette piste pouvant mener vers l'Espagne.

Le monde des Ummites
La description du monde des Ummites met tout de suite le lecteur très mal à l'aise. Au risque de paraître un peu faible, bornons-nous à citer ici quelques inventions qui plongent dans la perplexité ou l'hilarité. La plus typiquement invraisemblable, peut-être, est le véhicule sans roues. Voici comment Jean-Pierre Petit présente la chose:
"Selon les textes, la technologie de Ummo aurait pris dès son départ un tour systématiquement zoomorphe. Ainsi, dans le passé, les ingénieurs locaux auraient conçu d'emblée d'étranges véhicules munis de pattes, baptisés multipodes" (Petit 2, p. 185). Il est vrai que, ces dernières années, se sont multipliées les études de robots se déplaçant ainsi, mais on sait qu'il s'agit là d'une technologie de pointe en mécanique et en informatique. En matière de locomotion, les Ummites ont vraiment pris le problème à l'envers!
[L'argumentation est construite sur des bases fausses. Les robots multipodes actuels sont développés, non pas pour faire plaisir aux mécaniciens et aux informaticiens (à lire l'auteur, on a l'impression que rien n'est refusé à ces professions...) pour passer là où les roues sont nulles et inopérantes, c'est-à-dire en ambiance chaotique et vierge de surface plane (escaliers, éboulis, etc...). Si nous avons développé la roue sur Terre, qui impose des routes, des croisements, des ponts, des souterrains, etc... et tous les problèmes de transports, de pollution, d'embouteillages et accidents concomitants (voir les tunnels, Mont Blanc ou St Gothard ou les 7600 morts sur la route en France par an, par exemple…), d'autres ont pu faire des choix différents et qui ne sont pas pour autant "hilarants", car le bilan "global" c'est-à-dire planétaire, doit être fait…]
Leur manque flagrant d'esprit pratique [existerait-il donc une norme de l'esprit pratique interplanétaire?] apparaît également dans le modèle de la maison-champignon montée sur un pédoncule élévateur, et escamotable dans une cavité du sol: tout aussi difficile à mettre au point, et peut-être dangereuse pour les habitants, car on ne voit pas d'escalier de secours. Que faire en cas de panne de la machine? Dérouler une échelle de corde? [Objection absurde! Lâcher la pression tout simplement, car sous son poids, la maison descend toute seule. C'est d'une évidence et d'une simplicité que même un élève de primaire aurait vues.] Tout cela semble sortir d'une bande dessinée de Moebius, ou de Zig et Puce!

Références:
Ribera 1 - Article d'Antonio Ribera dans la Flying Saucer Review (FSR)
sur l'incident d'Aluche (février 1966):
"The Madrid Landing" (FSR vol 12, No 3, mai-juin 1966)
Cuadernos 1 - Article de Igniacio Cabria Garcia "Sesma, Saliano, Ummo, la Ballena Alegre", et article de Carles Berché Cruz "Ummo: 20 Años de Paranoia Compartida", dans la revue Cuadernos de Ufologia, numéro 3, Santander, septembre 1988
Cuadernos 2 - Dossier "Ummo: la Historia interminable". Articles de José Juan Montejo, Carles Berché, José A. Cezon, Luis R. Gonzalez, Alejandro Agostinelli, Renaud Marhic, Boris Chourinov, dans la revue Cuadernos de Ufologia, numéro double 16-17, Santander, 1994
Sesma 1 - Livre de Fernando Sesma Manzano, Ummo, otro planeta habitado, Madrid, 1967
Ribera, Farriols 2 - Livre de Antonio Ribera et Rafaël Farriols:
Un Caso Perfecto (Pomaire, Barcelone,1968. Réédition en 1973 par Plaza & Janés, Barcelone).
Trad française: Preuves de l'existence des soucoupes volantes (Editions De Vecchi, 1975)
Ribera 3 - Article de Ribera sur San José de Valderas et sur Aluche:
"The San José de Valderas photographs" dans la Flying Saucer Review (vol 15 No 5, sept-oct 1969)
Traduction en français dans Phénomènes Spatiaux Numéro 22, 4eme trim 69 (déc 69):
"Les photographies de San José de Valderas. Un cas extrêmement bien documenté".
Complété par l'article " De lumière et d'ombre " par Hervé Matte
Ribera 4 - Article de Ribera, "The mysterious Ummo affair", publié en 1975 dans la Flying Saucer Review, en cinq parties:
(R 4-1) Partie 1, volume 24-4, jan 75
(R 4-2) Partie 2, vol 20-5, mars 75
(R 4-3) Partie 3, vol 21-1, juin 75
(R 4-4) Partie 4, vol 21-2, août 75
(R 4-5) Partie 5, vol 21-3 et 4, nov 75
Stendek 1- Article de Oscar Rey Brea, "Algo sobre las fotografias del supuesto ovni de San José de Valderas", dans la revue Stendek No 9, août 1972
Vallée 1 - Livre de Jacques Vallée Le collège invisible, Albin Michel 1975 (trad. de l'anglais. Ed. orig. The Invisible College, 1975)
Poher 1 - Article de Claude Poher dans la revue Lumières dans la Nuit (LDLN) No 166, juin-juillet 77: "Les observations d'Aluche et de San José de Valderas ainsi que l'affaire Ummo: Une supercherie de taille!"
Guerrero 1 - Livre du Père Enrique López Guerrero, Mirando a la Lejanía del Universo, Barcelone, 1978
Ribera 5 - Livre de Antonio Ribera seul: El Misterio de Ummo, 1979 (Plaza & Janés, Barcelone).
Traduction française: Les Extra-Terrestres sont-ils parmi nous? Le véritable langage Ummo
1ere édition en 1984 (Editions du Rocher)
2eme édition en 1991, juste après le premier livre de Jean-Pierre Petit
Petit 1 - Livre de Jean-Pierre Petit Enquête sur des Extra-terrestres qui sont déjà parmi nous, Albin Michel 1991
Castello 1 - Livre de Martine Castello et al., La conspiration des étoiles. Les Ummos : terrestres ou extraterrestres?, Robert Laffont, 1991
Sider 1 - Jean Sider, article "Ummo: Les raisons d'un doute ", dans LDLN No 307, janvier-février 1991
Vallée 2 - Livre de Jacques Vallée Révélations, R. Laffont, 1992 (trad. de l'anglais, éd. orig. 1991)
Caudron 2 - Dominique Caudron, "Coucou, nous étions là", dans Ovni Présence, mai 1992
Bourret, Velasco 1 - Livre de Jean-Claude Bourret et Jean-Jacques Velasco, Ovnis, la science avance, R. Laffont, 1993
Caudron 1 - Dominique Caudron, "Les Ummoristes sont parmi nous", dans le livre collectif édité par Thierry Pinvidic OVNI. Vers une anthropologie d'un mythe contemporain, (Editions Heimdal, 1993)
Marhic 1 - Livre de Renaud Marhic L'affaire Ummo: les extraterrestres qui venaient du froid Editions Les Classiques du Mystère, 1993
Agostinelli 1 - Article de Alejandro Agostinelli "Affaire Ummo: l'interview de l'homme-clé", revue Phénomèna No 15, mai-juin 93
Marhic 2 - Article de Renaud Marhic "La mystification d'Ummo: des aveux qui appartiennent à l'histoire", revue Phénomèna No 19, janv-fév 1994
Chourinov 1 - Livre de Boris Chourinov, Ovnis en Russie. Les deux faces de l'ufologie russe, Trédaniel, 1995
Petit 2 - Livre de Jean-Pierre Petit Le mystère des Ummites. Une science venue d'une autre planète?, Albin Michel, 1995
Clark 1 - Jerome Clark, article "Ummo Hoax", dans The UFO Encyclopedia Volume 3", 1996
Petit 3 - "Jean-Pierre Petit répond à Phénomèna" No 25, jan-fév 95
Petit 4 - Entretien avec Jean-Pierre Petit, "Science, Ovnis et militaires", dans la revue Incroyable et scientifique, numéro 13, juin-juillet 1997
Petit 5 - Livre de Jean-Pierre Petit On a perdu la moitié de l'univers, Albin Michel, 1997

Autres sources citées:
Luminet 1 - Livre de Jean-Pierre Luminet: L'Univers chiffonné, Librairie Arthème Fayard, 2001
Sheldrake 1 et 2 - Livres de Rupert Sheldrake: Une nouvelle science de la vie, Le Rocher 1981; La mémoire de l'Univers, Le Rocher, 1988
Heidmann 1 - Livre de Jean Heidmann Intelligences extraterrestres, Editions Odile Jacob, 1992
Dans Phénomèna No 39, 1998

Décembre 2001

Sources citées par Jean Pollion:
Marquez -1: Cronologia Ummo, de David Lozano Marquez, Granada 04-95
Benitez-1: http://www.jjbenitez-only-eyes.com/el lado oscuro/Septiembre/ummo.htm
Scornaux-1: Inforespace n° 43 de janvier 1978
Ribera-6: Livre de Antonio Ribera seul: Cartas de tres herejes, 2000 (Plaza & Janés, Barcelone)Poher-2: Article de Claude Poher dans la revue Inforespace No 32, mars 1977: "Les observations d'Aluche et de San José de Valderas ainsi que l'affaire Ummo: Une supercherie de taille!"

Darnaude-1: Différentes références de l'Ummocat disponible auprès de l'ufologue espagnol

Ignacio Darnaude Rojas-Marcos http://www.galeon.com/darnaude

Juillet 2002


Introduction
Première partie: Les observations et les premières lettres en Espagne

Seconde partie: D'où viennent les lettres?

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